Qui ?
Sébastien Bazin, Pdg du groupe Accor.
Quoi ?
Son intervention au Online summit business rebound, provocatrice comme on aime.
Comment ?
Il a mis du temps à trouver le micro sur son ordinateur, mais quand il a pris la parole, il n'a pas mâché ses mots. Le Pdg du groupe Accor était (presque) seul, dans le grand siège social d'Issy Les Moulineaux : "Nous sommes cinq à venir tous les jours. Au lieu de nos 2 000 collaborateurs du siège. Je préfère. J'aurais eu beaucoup de mal à travailler de chez moi". Fini aussi le jetlag, depuis deux mois, le Pdg ne voyage plus. En janvier dernier, le groupe avait confirmé 280 M€ de dividendes. "Avec la crise, nous avons demandé à nos actionnaires de renoncer à ces dividendes, et nous avons créé un fonds de secours de 70 M€ pour nos collaborateurs (subsistance, accès aux soins). Cette décision a été fondatrice. Nous ne serions pas les mêmes si nous n'avions pas fait cela". L'un des spectateurs de la conférence online souligne que le Pdg ne mentionne pas qu'il a baissé de 25 % son salaire pour contribuer au fonds. Qui devrait beaucoup servir : au 6 avril, deux tiers des hôtels étaient fermés, et 220 000 collaborateurs se sont retrouvés sans emploi dans le monde.
Dans la période actuelle, qu'est-ce qui choque Sébastien Bazin ? "Depuis cinq ans, nous avons confié notre avenir à cinq sociétés mondiales. Dans cette crise, elles sont sourdes, muettes, étrangement absentes. Jack Ma et Bill Gates ont agi. Mais pas leur société. Après cette crise, le public comptera les points. Il regardera qui a été présent, et qui a été absent"
Un nouveau management
"Cette crise change la hiérarchie, les postes, les valeurs. C'est un moment de grâce en termes humains. Je fais une vidéo de 5 à 7 minutes enregistrée dans mon bureau. Je raconte ce que j'ai en tête, je donne de l'info sur les pays. C'est envoyé aux 300 00 collaborateurs. Nous avons aussi un conseil d'administration et exécutif par semaine. Je faisais chaque trimestre un quaterly call pour répondre aux questions des salariés. Maintenant, c'est tous les quinze jours".
Le groupe s'est organisé pour accueillir personnel soignant et SDF dans ses hôtels. Suivent les femmes battues et les malades qui doivent s'isoler mais vivent dans un petit appartement (voir notre article).
En l'absence de voyages d'affaire et de tourisme, comment le groupe compte-t-il survivre ? "Cette crise nous a donné envie de ne plus être seuls. Nos hôtels répondent à ce besoin. Nous allons nous adapter, ne plus mettre de musique, par exemple". Autre piste ? "La location de nos espaces pour les entreprises qui souhaitent proposer des lieux de travail proches du domicile de leurs salariés".
Côté sécurité, Accor a élaboré une norme sanitaire "nos chambres d'hôtels seront aussi sures que celles d'un hôpital, avec plus de couleur. On donnera accès aux services que les gens auront appris à aimer pendant deux mois. "