Qui ?
Petitweb en goguette au parc floral de Vincennes, pour les 15 ° rencontres de l'Udecam (le syndicat des agences média), sur le thème de la relance.
Quoi ?
La recherche d'un angle, ou même, d'un fil conducteur, pour une conférence du monde d'après qui ressemble au monde d'avant, mais en un peu plus ennuyeux.
Comment ?
Les rencontres de l'Udecam, c'est un peu comme dans un film de Sautet, quand la caméra zoome arrière et filme les protagonistes de l'autre côté de la vitre du café où ils se parlent. On comprend vaguement de quoi il retourne, mais on en perçoit surtout le climat. Tout d'abord, saluons la performance : pour les parisiens travaillant dans la com,(travaillant surtout dans l'Ouest) rejoindre le parc de Vincennes, au delà de la porte du même nom, est pour eux une expédition digne de Paul-Emile Victor. Nous étions un bon millier, sur les 3 000 inscrits, à avoir fait l'expédition. Ceux qui avaient oublié leur gourde en ont été pour leurs frais : les conversations de rentrée (qu'est ce que t'as fait pour les vacances, moi je n'ai pas changé d'adresse, sur l'air de David et Jonathan) se sont déroulées le gosier sec, sous un soleil de plomb. Pour les curieux ou les polis qui restent dans la grande salle à la sono un peu comparable à celle d'un aérogare, tentons une synthèse :
Maurice Levy lance un appel pour recruter dix nouvelles start up dans son Escalator social. Il sort la seule phrase véritablement frappante de l'après-midi. Un truc sur une raquette et des trous, à ce qu'il nous souvient.
« Il faut toujours des trous dans la raquette si vous voulez que la raquette fonctionne. »
Maurice Lévy, Président du Conseil de surveillance @PublicisGroupe
#RencontresUdecam2021 #Punchline pic.twitter.com/6jqcMRZtId
— PPC (@PPC) September 7, 2021
De fait, des trous, il y en a eu dans les budgets : Pierre Calmard (Dentsu) a souligné que la France a sur-réagi au Covid : "Il y a eu un décrochage plus important. Aux USA, en Grande Bretagne, au Japon, la pub pèse 1 % du PIB. En France, c'est 0,5 %.
Bertille Toledano de BETC rappelle qu'1 M de personnes travaillent dans la communication : "L'indice des prix progresse de 1?5%, quand l'indice de nos métiers ne croit que de 0,3%. les agences sont paupérisées." Pour Magali Florens, dans la relation agence média annonceur, "on revient dans le dur après la grande concorde du covid. 75 % des annonceurs quittent leur agence après un appel d'offres. Et les décisions sont prises das une démarche court termiste de productivité. Le pilotage au quarter de la Bourse ne facilite pas les choses".
Sylvia Tassan Toffola, directrice de TF1 Pub et présidente du syndicat des régies Internet rappelle les chiffres de l'Observatoire : le digital est passé devant les autres médias avec 1 Md€. Le display ne représente que 18 %, le search a 40 % et le social connait une croissance de ... 77 % en 2020. Pendant ce temps, tous les médias traditionnels n'ont pas retrouvé leur niveau de 2019. Et c'est u euphémisme digne des rencontres de l'Udecam. La crise actuelle a provoqué des unions au sein de chaque média. Ainsi, Radioplayer propose un player pour la plupart des radios, le bureau des radios a été créé après le premier confinement. Le syndicat des régies publisher va porter une nouvelle voix pour la presse. Chacun y va de sa puissance de feu (35 millions de visiteurs uniques pour la PQR, et 42 M si l'on y ajoute le print. Mais l'ensemble de ces super syndicats par média ne font pas entendre une voix unique des médias. C'est Sylvia Tassan Toffola qui endosse ce rôle, plaidant pour une croissance équitable." Il y a une souffrance de plus en plus forte des médias numériques, le fair share, on n'y est pas. Nous sommes le dernier maillon de la chaine alimentaire. Pour certains d'entre nous, c'est une question de survie".
Les plateformes, si belles en leur miroir
Frédéric Duval, le Dg d'Amazon en France lance son huitième entrepôt et communique tous azimuts, notamment sur les visites d'entrepôt. "130 000 personnes vivent de notre activité, nous avons 14 500 CDI en France et 13 000 PME vendent sur amazon." Mais il y a encore de lamage : 30 % des commerces français sont digitalisée, contre 70 % en Allemagne." Dans cette avalanche de chiffres manque évidemment la proportion d'emplois tués par le géant du E commerce. Mais on n'est pas là pour débattre. Les orateurs ont payé pour parler. Damien Viel de Twitter complétait le tableau, en présentant l'étude Twitter Trends
Laurent Solly, directeur Europe du Sud de Facebook, avait choisi pour son intervention le thème de l'innovation. Et sa présentation était la plus belle. De saisissantes images de Paris déserté, et un bilan de l'accélération due au Covid. Il cite Volvo, annonçant en juin dernier qu'en 2030, il ne vendrait plus que sur Internet (voir cet article). Ou Carrefour, qui digitalise ses catalogues avec Facebook. Le live shopping est un marché dans le monde qui va attendre 400 milliards de dollars d’ici à 2025. Il n’existait pas en 2013
Dans le commerce de demain, on achètera par l'image : "tout ce que vous voyez sera achetable". Et on vivra dans des metaverses. On a hâte d'apprendre le bilan carbone de tout cela.
Bon, Laurent Solly ne sera pas interrogé sur le deal secret qu'il a passé avec Google et la menace pénale afférente. Ni sur la façon dont il surveille la vie privée des personnes qui n'utilisent plus son service. Et il partira juste après sa présentation. Au moins il n'aura pas croisé de mauvaise surprise, comme une Elise Lucet surentrainée au jogging (voir notre indiscret). Aurait il été échaudé par la réaction de l'Udecam au moment de la taxe GAFA ? Google n'est pas apparu. Ni dans les sponsors, ni dans les orateurs. Et Apple non plus, qui vient de siphonner un quart de la pub mobile (voir nos indiscrets).
Et la RSE, bordel ?
Pour Pierre Louette , le Pdg des Echos, "30% des communications sur nos supports concernant des sujets RSE désormais. Il faut travailler entre notre sentiment de satiété et la stimulation permanente des offres qui nous entouren. La livraison en 10 mn n'a pas de sens". Des paroles qui font échos au toujours plus d'Amazon et de Facebook...Marie Ekeland, Présidente 2050.do a évoqué la technologie et Écologie dans le numérique (rappelons que le digital a dépassé l'aviation en termes de pollution) : "On passe d’une économie de l’attention à une économie de l’intention. Nous sommes dans un rythme très rapide, poussé par le changement climatique"
Fabrice Bonnifet, Directeur central Développement durable & QSE du Groupe Bouygues a été le plus radical : "Il faut réinventer les modèles économiques, passer de l’économie de la propriété à l’économie du service ou de l’usage".
Et TF1-M6, Diantre ?
"Fusion TF1 / M6 : Il faut faire face à une consommation TV qui n’est plus linéaire et à des acteurs mondiaux très forts. Les partenariats sont inévitables" a plaidé Gilles Pélisson, Président Directeur Général du Groupe TF1. Pourquoi ce projet de fusion ? "Google, Netflix et Amazon ont des dimensions que nous n'aurons jamais.Ils se portent acquéreurs de droits et mettent la pression sur les talents.Chez nos clients, les groupes se consolident et il y a un partage entre groupes mondiaux et locaux".
Roch-Olivier Maistre, Président du CSA nouvelle formule recevait mercredi dernier les premiers acteurs de la fusion et rendra son avis au premier trimestre 2022. Le Conseil renouvelle les autorisation d'émettre au printemps 2023. L'événement de l'Udecam se passait donc la veille de l'instruction de ce mega deal (et la même semaine que les réunions de travail sur le sujet à l'UNion des Marques, voir nos indiscrets) . Il a dressé un paysage favorable à cette fusion, commençant par le marché américain : Disney Fox, Discovery Warner, Amazon MGM. P "Les acteurs s'adaptent à l'évolution du paysage et peuvent rivaliser sur l'achat de contenu. Le triopole Google Facebook Amazon représente 70 % de la publicité digitale. "Il est naturel que nos acteurs soient en ordre de marche pour développer investissement et souveraineté culturelle. Nous ne sommes pas là pour préserver le statu quo, mais pour anticiper, et veiller aux grands équilibres." Il conclut avec une phrase plus ambiguë : " Notre fil rouge est de veiller au pluralisme de l'offre, des acteurs et de l'information".
La chanteuse Yseult a-elle chanté "j'ai plus rien à prouver à part faire de l'oseille" en clôture ? On l'espère sans pouvoir l'affirmer. Nous étions déjà loin, en train de nous précipiter sur notre robinet d'eau fraiche.