Qui ?
Bruno Delcombel, Pdg de Chandago.
Quoi ?
Le regard de ce spécialiste de la data protection (qui lance une offre permettant aux éditeurs, distributeurs, et annonceurs de distribuer leurs data avec confiance, grâce à la blockchain), sur les ambitions pharaoniques de Google dans le champ de la donnée, annoncées le 22 aout dernier.
Comment ?
Le 22 août dernier, Google faisait une annonce majeure dans le champ de la data (voir cet article). Et qui pourrait transformer Google, si les régulateurs ne demandent pas son démantèlement, en super-organisateur de la data mondiale. Selon une étude menée pendant trois mois par Google, sans cookies, les publishers perdent 52 % de leurs revenus. Et pour les sites de news la perte est de 62 %. Le nouveau "framework privacy" proposé par Google au marché permettrait d’agréger les utilisateurs selon leurs centres d’intérêt. Selon l'exemple donné par la société, vous ne seriez identifié comme amateur de Beyoncé ou de sweaters que si le groupe ainsi défini rassemble des milliers d’utilisateurs. La veille de cette annonce, Google montrait patte blanche au marché et adhérait à la deuxième version de l’IAB framework , avec effet au premier trimestre 2020, avant, donc de construire son propre système de régulation mondial de la donnée.
Pour Bruno Delcombel, CEO de Chandago, "Google va beaucoup trop loin. Bâtir son propre framework pour devenir, pourquoi pas, le hub mondial du recueil du consentement est une menace à prendre au sérieux pour tous les acteurs de la tech. Cela créerait un monopole de fait, et Google aurait une vision mondiale de l’échange de données". Ou plutôt, un duopole, car Apple est en train de suivre un chemin d’apparence similaire. En effet, courant septembre, Apple durcit fortement l'accès à l’info géolocalisée à tout acteur tierce. Autre nouveauté, toutes les applications présentes sur la store d’Apple qui ont un login social devront obligatoirement proposer son "sign in with Apple". Mieux, les utilisateurs pourront garder leur e-mail secret, ce dernier sera remplacé par une une adresse relais. Les e-commerçants se contenteront des fausses adresses et devront passer par Apple pour communiquer. Bruno Delcombel pointe aussi la responsabilité des différents régulateurs européens : "C’est comme si les régulateurs tentaient de régler les problèmes d’hier, quand les grands acteurs d’Internet sont concentrés sur l’avenir du ciblage. Quand, par exemple, la CNIL donne un sursis d’un an supplémentaire pour que les acteurs appliquent la loi sur les cookies, c’est pour moi une fausse bonne nouvelle. Car cela laisse du temps supplémentaire aux GAFA de reprendre la main et sous couvert de privacy, de rehausser méticuleusement les murs de leurs Walled Garden."
Reste à savoir quelle sera la réaction du régulateur. Et des clients. Si démantèlement de Google il y a, le groupe est certainement déjà prêt. Mais pour l’absolue dépendance aux GAFA, les annonceurs, eux, sont loin de se douter de ce qui les attend...