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Pandorabots à Leaders Paris : dur dur d’être robot

Qui ?
Lauren Kunze, Principal de Pandorabots et Phil Libin, fondateur d'Evernote, désormais investisseur dans le domaine de l'intelligence artificielle.

Quoi ?
Notre présentation préférée de Leade.rs Paris, la nouvelle conférence de Loic le Meur, "sans vedette, où des speakers renommés donnent la parole de à de nouveaux talents".

Comment ?

Phil Libin, le fondateur d'Evernote, a eu le déclic deux fois, dans sa vie professionnelle : "La première,  quand j'ai eu le premier iPhone dans les mains. La seconde,  quand j'ai joué avec Alexa, le robot d'Amazon. Je me suis rendu compte que la conversation que je venais d'avoir avec ce robot n'avait d'équivalent avec rien de ce que je connaissais. Les bots vont conduire les cinq prochaines années de développement informatique dans la Silicon Valley". Au sommet de la hype début 2016, portés par les annonces de Facebook, il génèrent pourtant  quelques déceptions. Nos références sont Siri, Cortana, Alexa, des bots construits par des géants de la tech et qui ont coûté des milliards en R&D. Les autres, du niveau des applications mobiles à la sortie de l'iPhone, ne font encore pas grand chose. L'épisode de Microsoft avec son robot devenu misogyne et raciste en quelques heures, a aussi montré qu'il faut que les bots soient supervisés par des gens, pour ne pas devenir des chambres à échos de trolls. Enfin, "il ne faut pas qu'ils  se fassent passer pour des humains, ce qui permet d'ailleurs d'autres formes d'interaction, comme de répondre avec une vidéo à une requête vocale par exemple", prévient Phil.

La plateforme aux 200 000 bots

Pour explorer ce nouveau domaine, dans lequel il investit en masse depuis qu'il a quitté Evernote, Phil Libin a choisi de donner la parole à Lauren Kunze, principal de Pandorabots. Pour Lauren comme pour Phil, le meilleur s'appelle Alexa d’Amazon, vendu 179$99 et promu actuellement par une campagne de télévision grand public. Elle explique ses performances par son aspect open source : "Amazon laisse les développeurs tierces étendre son savoir et s’interfacer avec elle." L'autre atout d’Alexa ? Son interface vocale. "Les messageries instantanées ne sont que la pointe de l’iceberg, la conversation orale dans un langage naturel ouvre un champ d’application potentiel beaucoup plus large."

Le prochain terrain de jeu  est celui de la maison, dans laquelle Alexa a déjà pris ses aises dans la Silicon Valley. "Les objets connectés n’ont pas d’écran, la voix et les bots vont accélérer leur adoption, un bracelet connecté doté d’une vraie personnalité vient de sortir par exemple."
Pandorabots, créée en 2012, rassemble 235 développeurs : 200 000 bots ont été créés, générant 3 milliards de conversations. Fonctionnant comme une boite à outils, elle met à disposition en open source des conversations dans toutes les langues, les questions les plus fréquentes et des tutos pour fabriquer son propre bot. La techno permet aussi de le faire marcher sur toutes les plateformes : slack, messenger, whatsapp. Les marques doivent être agnostiques et proposer du service là où les gens sont.

Kirin Beer a son bot, pour connaitre les habitudes de ses consommateurs

Dans l'univers du gaming, ils reprennent les personnalités des personnages de jeu. Celui de Call of duty sur Facebook est par exemple très populaire. Le potentiel dans le secteur de la publicité est énorme. La marque de bière japonaise Kirin Beer vient de lancer un bot qui s’enquiert des habitudes de consommation de ses utilisateurs, notamment sur son lieu de consommation et d’achat. Des entreprises de tous les secteurs planchent sur leurs bots à l’heure actuelle. En France, un acteur telecom s’appuie sur les ressources en ligne et les tutoriels de Pandorabots pour fabriquer en interne le sien qui parlera français et espagnol. Ce mode "DIY" n’est pas pour autant synonyme d’abordable. "Un bot nécessite une équipe de développeurs, de designers d’expérience mais aussi de "plumes" garantes d’une conversation agréable avec un bot doté d’une vraie personnalité".  Un point clé pour survivre à la bot-mania annoncée : "Comme dans le monde des applications mobiles, les bots vont se multiplier et se verticaliser. On aura un bot pour le travail différent de celui pour la maison. Le choix des gens se portera sur ceux avec lesquels ils aiment parler. C’est la personnalité qui fera la différence".

Certains sont devenus des confidents pour des centaines de milliers de personnes, à l'instar de Mitsuku (développé par Pandorabots), une "amie virtuelle" de 19 ans très populaire. Sans oublier Xiaobing de Microsoft sur WeChat, une petite amie virtuelle ou encore Jam en France, l'ami des étudiants. Les  plus puissants seront ceux avec lesquels les gens créent des liens émotionnels. "Nous considérons que la puissance d’un bot est proportionnelle aux dommages qu’il pourrait causer s’il devenait un beau jour maléfique". Prochaine étape, l'intégration des bots dans la réalité virtuelle, mais aussi leur meilleure scénarisation, grâce à l'entrée en scène d'écrivains pour améliorer leurs défauts et leurs qualités.

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