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Nicolas Rieul, IAB : « Apple c’est ‘fais ce que je dis, pas ce que je fais' »

Qui ?
Nicolas Rieul, président  de l'IAB France.

Quoi ?
Le point sur le rôle d'Apple dans l'écosystème pub, champion de la privacy , mais pour les autres...

Comment ? 

Où en sont vos procédures contre Apple ?
Avec la MMA, l'UDECAM et le SRI, nous avons porté plainte auprès de l'Autorité de la concurrence en octobre dernier, pour abus de position dominante. Cet acteur ajoute une nouvelle contrainte aux éditeurs d’application, une enième pop-up pour accepter ou refuser le « tracking »,  en addition des pop-up RGPD déjà existantes,  mais il ne s'applique pas cette règle à lui même. France Digitale, qui compte beaucoup de développeurs d'applications, a aussi porté  plainte après de la CNIL : ils se sont aperçus qu'Apple ne demandait pas le consentement pour ses propres services de publicité ciblée. L'acteur qui se positionne en champion de la vie privée ne demande pas le consentement à son  milliard d'utilisateurs et crée des segments d’audience  selon leur nom, leur adresse, la musique ou les films qu'ils consomment. En un mot, selon  le tracking des utilisateurs au sein de leur iPhone. Fais ce que je dis, pas ce que je fais  !

L'Autorité de la Concurrence a refusé des mesures conservatoires...
L'Autorité a voulu éviter l'effet "Minority report" et condamner avant que le mal ne soit fait. Mais son investigation se poursuit  pour self-preferencing et devrait aboutir au début 2022. Entre temps, une coalition allemande de huit associations a déposé la même plainte que nous.

C'est avant tout un combat d'image...
Apple a présenté sa croisade  comme un combat contre Facebook. Mais en réalité, cette décision d'Apple renforce tous les walled garden au détriment des médias. Cette façon binaire, et qui joue sur les peurs, de présenter le partage des données, même pseudonyme, condamne à l'avance toute alternative, alors que dans le même temps Apple utilisent pour ses propres publicités ciblées des données bien plus granulaires et qui identifie directement un individu. Alors quand Apple part en campagne sur la privacy, nous lui répondons avec la même décontraction... (voir ci-dessous)
https://twitter.com/IABFrance/status/1399437652672270341?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1399437652672270341%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.petitweb.fr%2Fwp-admin%2Fpost.php%3Fpost%3D70820action%3Dedit

Pourtant, Apple n'a pas vraiment d'ambition dans le domaine de la publicité..
Dans la première manche, avec iAd, Apple a échoué et laissé le champ de la publicité mobile à Facebook. En 2016, ils ont arrêté cette activité. L'année suivante, le groupe a fermé l'accès aux cookies tiers dans Safari. Puis a commencé à faire monter sa grande narration sur la protection de la vie privée. En 2018, Apple la lancé une plateforme publicitaire pour promouvoir  les applications sur l'appstore. Depuis, le groupe a lancé la régie pour Apple news. Il est dores et déjà dans le top 20 des acteurs mondiaux de la pub. Et dans le top 5 si l'on intègre son deal avec Google sur le Search.  Aujourd'hui, 200 emplois d'ingénieurs sont à pourvoir aux Etats unis, pour créer l'apple advertsing platform.  On sait qui va trinquer, et qui va en ressortir grand gagnant. L’histoire semble se répéter. Mais cette fois nous sommes tous collectivement mobilisés et bien décidés à agir pour la pluralité, l’internet ouvert et le financement des médias.

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