Qui ?
Marc Pfohl (en photo), Co-fondateur, avec Alexandre Martel, de 3D Natives, un média sur l'impression 3D.
Quoi ?
Les visières de l'espoir, une opération inouïe montée en quelques jours, pour fournir en l'espace de 10 jours des dizaines de milliers de visières imprimées en 3D aux hôpitaux (pour faire des dons, c'est ici).
Comment ?
3D Natives est le premier site éditorial mondial sur la thématique de l'impression 3D, présent dans 5 pays. Depuis le Covid, une partie du site était consacrée aux innovations de l'impression 3D dans le domaine de la santé. Vendredi 20 mars, Emmanuel Micault, interne en ORL au CHU de Caen, en pleine réanimation, a dû réduire le nombre de personnes dans le bloc. Il écrit à 3D Natives par mail pour dire à quel point ils manquent de visière. Alexandre Martel, le co-fondateur de cette publication spécialisée, publie cet appel à l'aide sur les réseaux sociaux auprès de sa communauté de 200 000 membres. A partir de là, une machine folle se met en branle. "Actuellement, il n'y a que l'impression 3D qui pouvait résoudre le problème. Les plasturgistes doivent faire un moule qui sont en général en chine. Ils ne pouvaient enclencher la production avant deux ou trois semaines" explique Marc Pfohl, co-fondateur de 3D Natives.
Paris Saclay Hardware Accelerator répond présent le samedi. Six prototypes sont envoyés et testés au CHU de Caen, lundi 23 mars au matin. Mardi, le CHU valide le prototype, en modifiant certains points.
Commence la production. "Nous voulions que ces visières soient réutilisables" explique Marc Pfohl. "La seule manière de le faire était de fabriquer ces visières avec des imprimantes 3D industrielles" (qui coûtent entre 350 000 et 1 M € pièce). Nous avons lancé tous nos réseaux sur le sujet. En 10 jours, 17 centres de production ont ouvert. Les usines, qui étaient fermées, ont ré-ouvert pour cela". Tout a été mis en place en dix jours. C’est une première en France : des imprimeurs 3D industriels et de grands groupes travaillent ensemble, jour et nuit, en mode agile et gracieusement, sollicitant fournisseurs locaux et internationaux, ré-ouvrant les usines fermées afin de produire des visières imprimées en 3D, validées par la Direction Qualité d’un CHU en France, qui permette une meilleure protection des soignants (mais pas homologuées ou normées, bien sûr, les délais ne le permettent pas).
Decathlon, HP, L'Oréal, BASF, Carrafont, Leroy Merlin, HP, Aereco se mobilisent. HP a relayé l'opération auprès de ses clients, leur demandant s'ils voulaient faire partie du projet. Lactalis offre 1,5 km de PET, pour l'avant de la visière, le reste est imprimé en 3D. Le bijoutier Fred offre 2 000 visières à l'APHP.
En termes contractuels, pas de structure juridique. Tout est offert, même le transport. Les dons sont centralisés par One O One, la fondation du professeur Jean-Daniel Chiche (pour faire un don, c'est ici)"Personne ne vend ou ne vendra de visière". Un bon de commande est signé entre l'hôpital et le fournisseur des visières. Les hôpitaux prennent en charge l'entière responsabilité du matériel, monté sur place en 30 secondes. Un bon de commande est scanné et tamponné à l'arrivée. 3D Natives pilote la coordination.
Comment 3D Natives était elle préparée pour cette opération ? "La chance qu'on a eue, c'est que nous avions le réseau nécessaire dans l'impression 3D. Nous avons pu éditer des pages web et gérer les projets". On ajoute pour lui : une expérience de dizaines d'années d'entrepreneuriat, du courage, et un grand cœur. Pour faire un don à ce projet, c'est ici.