Qui ?
Eric Perrier, Cofondateur et Directeur Général du cabinet de conseil Viseo.
Quoi ?
Une tribune sur ce qu'il faut retenir du modèle d'innovation chinois, à la suite d'un voyage avec l’accélérateur ETI de BPI France.
Comment ?
"La question n’est pas de savoir si le la Chine est le plus grand marché du monde, mais à quelle vitesse elle va le devenir" nous confiait Bruno de Feraudy, le Directeur Général de Michelin Chine... De l’inévitable réseau social WeChat à sa stratégie à l’international One Road, One Belt, dix forces font aujourd’hui de la Chine une superpuissance :
1/ Le Smart Commerce : "C’est une révolution aussi majeure que l’électricité", selon Yu Lin la Directrice de la stratégie d’Alibaba. Concept imaginé par le géant du e-commerce Alibaba, le smart commerce peut se définir comme le commerce du futur. Un commerce hyper-connecté, dans chaque smartphone, sans effort, dirigé par des algorithmes renouvelés en temps réel sans intervention humaine. L'interaction en temps réel signifie aussi une participation approfondie du client à la prise de décision, sur les réseaux sociaux notamment.
2/ Le Good Enough : Dans une économie chinoise qui avance à une vitesse folle, le "assez bon, c’est déjà bon" est un moteur de croissance. Là où les Occidentaux sont animés par le perfectionnisme, les Chinois foncent pour concrétiser leurs initiatives. Pas de vision long terme, donc, mais une nécessité de réussir vite ou de passer à autre chose, dans un contexte qui change très vite. Xiaomi, le champion chinois de la téléphonie incarne bien cette mentalité.
3/ Les réseaux sociaux : En Chine les réseaux sociaux sont hyperpuissants - WeChat, Sina Weibo, Youku Toudu pour ne citer qu’eux- et sur lesquels le consommateur connecté est l’arbitre, faisant passer le marché du BtoC à CtoC (client-to-client). Avec 630 millions d'internautes, la puissance des réseaux sociaux a un pouvoir de vie ou de mort sur l’innovation et les nouveaux produits.
4/ WeChat : Parmi ces réseaux, c’est l’innovation qui fait rêver le monde entier, en premier lieu Facebook et Google. WeChat, une application mobile de messagerie instantanée, lancée en 2011. L’utilisateur type est masculin, entre 18 et 35 ans et se connecte 10 fois par jour. Avec 700 millions d’utilisateurs à travers le monde, WeChat est devenu un enjeu pour les marques qui développent des stratégies propres à ce réseau : compréhension du parcours quotidien type du client, création de contenus et d’incentives, organisation de jeux, identification de Key Opinion Leaders, mais également géolocalisation pour une meilleure cible et temps-réel.
5/ La consommation intérieure : La Chine compte trois villes de plus de 20 millions d’habitants, 300 villes de plus d’un million d’habitants et 60% des individus vivant sur la côte. La consommation des ménages dépasse aujourd'hui 60 % du PIB, notamment grâce à Internet, qui accroît l’éventail de choix des consommateurs chinois, engendre une baisse des coûts et accélère les livraisons.
6/ Le Smart Made In China : Les Chinois ne veulent plus être associés à de la production bas de gamme. La classe moyenne chinoise veut payer plus pour des biens de consommation de qualité. Une nécessité absolue pour maîtriser les importations.
7/ One Road, One Belt ou la "nouvelle route de la soie" : Pour la première fois, la Chine cherche à exporter son modèle de développement à d'autres pays avec "une route, une ceinture". Le Président Xi Jinping, profitant du symbole historique de l'Ancienne Route de la Soie, a lancé en 2013 un grand programme de coopération économique avec l’Asie et l’Europe Continentale, pour développer l’économie eurasienne. Le volet terrestre comprend des voies ferroviaires partant de l'ouest de la Chine, traversant l'Asie centrale et aboutissant en Europe. Le tracé maritime, une série de ports et d'infrastructures, permet d'accroître le trafic maritime entre les pays d'Asie de l'Est et les pays d'arrivée de la ceinture terrestre. La Chine a notamment demandé le soutien des pays du G20 lors de leur dernier sommet début septembre à Hangzhou, dans l'est de la Chine.
8/ La capacité d’investissement : La Chine dispose d’une réserve de devise pour investir hors de ses frontières. Pendant les premiers six mois de 2016, les entreprises chinoises ont racheté 401 sociétés à l’étranger, pour un investissement supérieur de 135,3 Md$/2015. La Chine n’a donc pas attendu One Road, One Belt pour s’établir hors de ses frontières.
9/ L’interventionnisme de l’Etat : En Chine, l’Etat impose parfois un protectionnisme pur et dur pour protéger ses champions locaux. Cela peut fragiliser ou renverser du jour au lendemain les meilleurs business plans étrangers.
10/ Le RMB (ou renminbi) : La Chine souhaite faire de sa monnaie, le Yuan, la troisième devise globale après le dollar et l’euro, qui compte dans les échanges, les transactions et les réserves. La Chine a mis en place la première banque de compensation en RMB aux Etats-Unis en septembre 2016. Ce qui réduit les coûts et la complexité pour les transactions réglées en yuan.
Eric Perrier