Qui ?
Eric Mathieu, Pdg de Xilopix, société créée avec son associé Cyril March.
Quoi ?
Le moteur de recherche européen appelé par Arnaud Montebourg de ses voeux, c'est peut être lui. Après six ans de R&D, la techno de ce moteur de recherche visuelle et tactile est au point. L'ingénierie financière européenne pour s'imposer mondialement, un peu moins.
Comment ?
Au départ, Eric Mathieu et Cyril March voulaient créer un Wikimedia, une plateforme collaborative de documents multimédia, avec une indexation et une recherche innovante des contenus. Ils lèvent 400 000 euros sur le projet. Mais un an plus tard, ils changent de cap. "Nous avons eu l'impression que le développement technologique de cette plateforme nous avait fait aborder un nouveau domaine dans le morne paysage de la recherche et nous nous sommes concentrés dessus à partir de 2010. La collaboration avec des labos lorrains, Atilf, le Loria et Perseus, pour le traitement informatique du langage naturel, et Lip6 nous a permis d'avancer. En 2011, pour franchir un cap technologique, il fallait recruter des profils importants, mais l'argent manque."
Rennes fait du pied à la start-up. "Mais à Rennes, nous aurions été un petit acteur. En Lorraine, il y avait ces labos, et il n'y avait pas de pole numérique, on nous a déroulé le tapis rouge." La région lorraine leur pointe alors Epinal. La Ville de Seguin a un CHR, un 18 trous, une piscine olympique. Mais surtout, des laboratoires de recherche très actifs. Une villa pompéienne est mise à disposition et la région entre au capital de ce moteur de recherche d'un genre tout nouveau. Xilopix propose une recherche par image en mode tactile. Et permet d'affiner les requêtes en enlevant le club de foot d'une recherche sur arsenal, par exemple. La société est récompensée en 2013 par le pôle de compétitivité des industries du commerce. "Cela nous a ouvert beaucoup de portes dans ce domaine". Car Xilopix se lance d'abord en BtoB avant de cibler le grand public. La distribution comme Leroy Merlin, des musées, l'industrie sont prospectés. "Une de nos applications peut être l'utilisation du moteur pour gérer toutes les pièces d'assemblage d'Airbus, par exemple, à l'échelle internationale".
Mais le cycle de vente dans ces marchés est long... Actuellement, la société entame son troisième tour de financement. "Nous sommes la seule société française que le fonds souverain de Dubai est venu voir". Sans donner suite pour l'instant, patriotisme oblige. En France, le capital risque tousse dès qu'il s'agit de financer à hauteur de 5 à 10 millions. Actuellement sans revenus ou presque, Xilopix compte aborder le grand public et doubler ses effectifs dans un an. D'ici là, la façon dont la société va lever ses 5 prochains millions conditionnera probablement son futur. Après Exalead et Quaero, qui ont englouti des centaines de millions, il existe une réelle possibilité pour que Xilopix connaisse une croissance fulgurante. Qwant, bien que moins innovant technologiquement, jouit ainsi à fond du contrecoup des révélations Snowden, particulièrement en Allemagne, en raison de choix technologiques favorisant la non-conservation des requêtes des utilisateurs. Mais il se peut tout autant que Xilopix morde la poussière, faute d'avoir été soutenu dans cette phase délicate. La seule sortie possible pour des startups franchies est-elle de finir absorbées par des champions japonais ou américains ? Pet être pas dans ce cas-ci, pour des raisons de souveraineté nationale.
La D.G.A. a demandé à les recevoir et a été surpris sur les capacités de leurs algorithmes en matière de reconnaissance de formes. Alors que pour trier les images disponibles en ligne des opérations militaires en Afrique, la Défense utiliserait aujourd'hui... Google Images. Comme l'affirmait Pierre Bellanger, chantre du patriotisme technologique, dans le dernier Petit Show, il serait temps qu'on cesse de se prosterner devant "le complexe militaro-technologique" américain.