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Google, la privacy et le marketing

Qui ?
Fayrouze Masmi-Dazi, fondatrice du cabinet Dazi Avocats.

Quoi ?
La chronique de la semaine 9, pour suivre pas à pas ce que la justice américaine veut bien révéler de ce procès historique du web mondial (semaine 8 par ici, 6 et 7e semaines par , 5° semaine ici, 4° semaine ici, 3° semaine  ici, 2° semaine ici ,1° semaine là). L'avocate fera l'ouverture de la matinée Jardins ouverts jardins clos le 15 novembre, en racontant ce procès historique. C'est votre dernière chance d'y assister, demandez nous votre invitation  !

Comment ?
Nouvelle semaine consacrée à la défense de Google et aux auditions croisées. Les axes fondamentaux de la défense ont été maintenus – pas de « monopole » du Search, et encore moins sur la publicité en ligne, une concurrence très vive entre les moteurs de recherche, pas de caractère anticoncurrentiel ou d’impact négatif des deals de paramétrage par défaut. Bien au contraire, des efficiences pour le consommateur, pour la sécurité des produits et la performance, pour la différenciation entre les produits Android et Apple. Amazon revient de manière lancinante dans la défense de Google. Le groupe voit dans le géant du commerce et du cloud un concurrent dangereux, à cause de ses ressources et de sa capacité à se positionner, même à perte, si cela lui apparaît profitable à long terme. Les témoignages de T-Mobile, AT&T ou même Meta n’ont pas fondamentalement remis en cause ces positions. L’enseignement le plus intéressant de la semaine aura été le rapport de Google à la privacy, à l’heure où un (nouveau) procès va s’ouvrir aux Etats Unis contre son programme dit « Incognito ».

 « Google One » - un produit « vraiment » privé qui n’a encore jamais vu le jour
En tout début de semaine, Lorraine Twohill, Chief marketing officer de Google, autoproclamée « privacy obsessed professional » s’est exprimée sur une initiative menée en 2020 pour offrir une expérience utilisateur « vraiment privée ». Twohill voulait accélérer notamment les changements relatifs au retargetting publicitaire-considéré par les utilisateurs comme la première cause d’interrogation quant au suivi dont ils font l’objet par Google. L'option Google One aurait proposé Search et Chrome sans la moindre publicité, créant la possibilité d’opt out sur le moment et changeant les paramètres du retargeting possible dans le temps ou dans leur étendue. Incognito, permettant une navigation protégée vis-à-vis d’autres utilisateurs du même appareil, était un programme « vraiment privé ».  Mais selon Lorraine Twohill, le programme Incognito posait problème à marketer car il n’est pas vraiment privé. L’expérience qui aurait été totalement ad free ou payante via un paywall, n’a jamais vu le jour.

Jen Fitzpatrick un SVP de Google ayant été en copie de l’email de Twohill présentant ses propositions, a indiqué lors de son audition croisée par le Département de la Justice américain que plusieurs des propositions étaient en cours d’implémentation, d’autres ont été envisagées et n’ont pas été mises en œuvre. Interrogé par l’un des conseils de Google, Fitzpatrick a précisé que la Privacy Sandbox est l’une des propositions retenues par le management de Google, s’agissant d’une protection renforcée de la privacy des utilisateurs. Le DOJ a insisté sur le fait que dans les 33 mois qui séparent la proposition de Mme Twohill, sa proposition n’a pas été suivie d’effet alors qu’elle visait à donner la possibilité aux utilisateur de bloquer le suivi de leurs données et de les informer sur la manière dont Google suit ses usagers à un niveau de granularité très poussé. En réponse, Fitzpatrick "ne connait pas le niveau de divulgation que Google fait de manière générale et ne s’exprime donc pas sur la manière dont l’entreprise dit ou ne dit pas de ce sujet aux utilisateurs". Et il affirme qu’il "n’a pas connaissance du fait que ce serait un sujet de préoccupation pour les utilisateurs".

La durée de conservations des données – 18 mois au hasard, depuis 2019
En réponse à des questions du Juge Mehta, Fitzpatrick a indiqué que le bouton « auto delete » que peuvent activer les utilisateurs est apparu en 2019. Avant cela, il a confirmé que Google conservait l’historique des recherches indéfiniment.

Le Juge l’a interrogé sur la raison pour laquelle les utilisateurs ne peuvent pas choisir la durée de conservation des données. Et surtout pourquoi avoir choisi 18 mois ? La réponse de Fitzpatrick est étonnante : " 18 mois, parce que c’est plus qu’un an, c’est un chiffre rond. 13 mois cela aurait été un chiffre bizarre." C’est ainsi que cette durée est devenue la durée de conservation par défaut. Cette simplicité rappelle la manière dont Apple aurait défini son fameux taux de commission sur l’App Store – sans considération des coûts, en se disant que 50% c’était ce qui se pratiquait sur le marché des logiciels à l’époque, alors en mettant 30% ils étaient en dessous au lancement de l’App Store.

 

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