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Devons-nous tous apprendre à coder ?

Quoi ?
Le décryptage d'une tendance née dans la Silicon Valley qui arrive aujourd'hui en France : l'apprentissage du code, en partenariat avec la Fédération Française des Télécoms.

Pourquoi ?
Pour trouver un emploi, relancer sa carrière ou bien encore créer son entreprise, l’apprentissage du code se présente comme le nouveau sésame : après les Etats-Unis, la France aussi s'y convertit, avec des initiatives telles que Simplon.io ou OpenClassRooms. Faut-il s'y mettre tout de suite, au risque de passer pour un blaireau ?

Comment ?

En Europe comme aux Etats-Unis, la demande de main d’œuvre qualifiée en informatique est supérieure à l’offre : apprendre le code se présente comme la réponse aux nouveaux besoins de l’économie numérique. C’est naturellement là où le besoin était le plus fort – dans la Silicon Valley – que les solutions pour répondre à cette pénurie de main d’œuvre ont vu le jour en premier. La culture technologique historique de la région a favorisé l’apparition, en dehors des circuits universitaires traditionnels, d’une large offre de formation aux langages de programmation, qui cible même les enfants, avec des sites comme Tynker.

Loin des Bachelor in Computer Sciences délivrés par Stanford ou Berkeley, c’est en ligne ou lors de stages intensifs appelés "bootcamps" que les apprentis développeurs tapent leurs premières lignes de code. De nombreuses d’entreprises  comme BootCamper, DevBootCamps ou encore CodeFellows proposent des workshops hebdomadaires et des formations express en 8 semaines pour acquérir les fondamentaux des langages HTML5, JavaScript, Python ou Ruby. Illustration du succès de ces formations : certaines d’entre elles remboursent leurs étudiants s’ils ne trouvent pas un emploi payé plus de $60 000 dans les 6 mois. Les entreprises américaines reconnaissent dorénavant ces formations au même titre que des diplômes académiques : ces développeurs fraichement formés n’ont aucune peine à se faire recruter.

Parallèlement, les solutions de e-learning se comptent par dizaines, comme par exemple, Codecademy, Programmr, CodeSchool ou encore LearnStreet. Ces sites partagent les mêmes pédagogies: contenus à la carte accessible uniquement en ligne, autonomisation et collaboration entre les étudiants, approche Learning-by-Doing où l'apprentissage par l'action est préféré à la théorie.

Les pontes de la Silicon Valley, de Mark Zuckerberg à Bill Gates, sont les premiers apôtres de ce nouvel intérêt porté au code, notamment au travers du projet Code.org. Pour ces positivistes du XXIème siècle, l’apprentissage du code transmet bien plus que l’assurance d’un emploi : une nouvelle capacité d’action sur le monde.

En France, la formation aux langages de programmation en est encore à ses balbutiements: l’apprentissage du code est majoritairement limité aux professionnels des NTIC. Les bénéfices liés à ces nouvelles compétences ne sont pas encore réellement perçus tandis que la programmation informatique souffre toujours  d’un déficit d’image. De fait, l’offre en ligne francophone est restreinte à quelques sites, comme CodeAcademy ou encore OpenClassRooms.

En revanche, des premiers BootCamps ont vu le jour en 2012 : Simplon.io, qui se définit comme une « fabrique de codeurs entrepreneurs » dispense des cours à travers toute la France tandis que Le Wagon propose deux mois de formation à Paris pour permettre à ses étudiants de réaliser le projet web de leur choix. Ces initiatives ne rentrent pas en concurrence avec les écoles d’informatiques. Elles attirent moins des jeunes étudiants qu’un public déjà présent sur le monde du travail. Pour ces professionnels, apprendre à coder c'est relancer leur vie professionnelle, voire même créer leur entreprise.

La démocratisation des compétences informatiques deviendra-t-elle bientôt une mission de service public ?  En Finlande, des enseignements de familiarisation avec les langages de programmation seront bientôt mis au programmes des écoliers. Suivant l’exemple du voisin Estonien, Alexander Stubb, ministre finlandais des affaires européennes, considère que « cela fait partie d’un effort pour encourager le développement de compétences technologiques dès le plus jeune âge ». L’objectif est davantage de proposer un « éveil numérique » que de former des hordes de développeurs. En France, Fleur Pellerin, souhaite développer une offre éducative similaire dès l’école primaire : "Apprendre à coder ou à développer peut permettre aux jeunes de comprendre comment est construit l’univers digital dans lequel ils évoluent, et de développer une distance critique" explique-t-elle. Ou quand la programmation rejoint l’idéal de l’école Républicaine…

Basile Michardière

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