Qui ?
Claudio Vandi, Responsable des Programmes Expérimentation et Open Innovation du NUMA.
Quoi ?
Les méthodes et les conseils du NUMA pour pousser les grands groupes à innover comme les start-up.
Combien ?
- Une équipe de 6 personnes dédiée aux grandes entreprises
- 40 projets déjà menés en 2015
- 30% des clients sont des acteurs publics, "qui ont les mêmes problématiques que les autres : ils nous consultent sur la conception de produits ou des programmes d'innovation ouverte."
Comment ?
Depuis quatre ans, Claudio Vandi fait le lien entre le NUMA (ex-Silicon Sentier), l'écosystème des start-up et les grands groupes. Parmi ses réalisations : plusieurs hackathons, avec la SNCF notamment, qui ont permis l'émergence de start-up comme Snips (lire notre article), des programmes d'open innovation et une quarantaine de projets menés rien qu'en 2015.
"Nous cherchons à répondre à deux questions : comment intégrer la culture d'innovation dans les grandes entreprises et comment y déployer les méthodes des start-up. Les start-up ont besoin de clients, mais au préalable, il faut déjà acculturer les grands groupes à l'innovation" explique-t-il. Le tout, avec un modèle à base de coaching et de mentoring, proche de celui déployé auprès entrepreneurs accompagnés par le NUMA. "Nous ne sommes pas une agence : nous cherchons avant tout à donner aux grandes entreprises des outils pour qu'elles agissent elles-mêmes".

"Nous créons des liens pour les grands groupes avec toutes les parties prenantes de l'écosystème : start-up, freelances, experts..." Pour l'AFP, 20% à 30% du budget du Lab est ainsi consacré aux "frais externes", destinés à financer des pilotes avec des freelances ou des start-up. Une pratique qui permet aux grands groupes de s'affranchir des difficultés techniques de la collaboration avec les start-up. "Les grandes entreprises ne sont pas équipes pour travailler avec des boites qui n'ont pas de département juridique. Cela prend du temps et complexifie la relation. Comme les budgets d'expérimentation sont intégrés dans une enveloppe plus large, c'est finalement nous qui dépensons l'argent auprès des start-up." Dans ce cadre, le NUMA a notamment connecté l'AFP à la start-up Syllabs, à l'origine des robots-journalistes expérimentés par Le Monde à l'occasion des élections départementales.
"Beaucoup de grandes entreprises ont déjà des gens chargés de repérer des start-up. Là où nous pouvons apporter de la valeur, c'est pour trouver le projet pertinent qui fera sens pour l'entreprise. Si en interne, les process ne sont pas adaptés et qu'on traite les start-up comme les gros prestataires, ça ne fonctionnera pas : tout est plus simple si l'entreprise s'est déjà mise en mode start-up." Dans ces conditions, le recours aux start-up n'est pas toujours la solution. "On regarde toujours ce qui se passe en interne. Par exemple, les hackathons donnent souvent un mauvais message : on offre davantage d'opportunité à l'externe, alors que l'interne doit être intégré au processus. Il faut trouver le bon équilibre." Alors que les ambitions du NUMA sont désormais internationales, avec l'ouverture récente d'antennes à Moscou et Bangalore, Claudio Vandi espère exporter ses méthodes dans le monde entier.
Au sein des grands groupes, les demandes proviennent principalement - sans surprise - des départements innovation, IT ou Marketing. Mais dans tous les cas, le département RH est un allié indispensable : "il faut qu'ils soient impliqués, aussi bien pour la culture d'entreprise que pour des questions pratiques, quand il s'agit de détacher des gens." Les enjeux de l'innovation ouverte commencent à dépasser le cadre des projets ponctuels : "les demandes portent de plus en plus sur comment embarquer toute l'entreprise, comment créer de l'adhésion et un effet culturel à long terme". Dans cet esprit, EDF, l'un des sponsors principaux du lieu, envoie une quarantaine d'employés par mois au NUMA.
Benoit Zante