Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru dans la newsletter du

Comment Google a relégué Microsoft en deuxième division

Qui ?
Fayrouze Masmi-Dazi, fondatrice du cabinet Dazi Avocats

Quoi ?
Une interview en forme de chronique pour suivre pas à pas ce que la justice américaine veut bien révéler de ce procès historique du web mondial. 3° semaine (2° semaine ici ,1° semaine). L'avocate fera l'ouverture de Jardins ouverts jardins clos le 15 novembre, en racontant ce procès historique. Demandez-nous une place !

Comment ?

Troisième semaine du procès anti trust de Google search. Deux enseignements.
-Sur le fond d’abord, la question qui a été au cœur des débats et auditions est de savoir comment et surtout pourquoi un géant comme Microsoft a pu être marginalisé par Google vis-à-vis des équipementiers mobiles ? Une partie de la réponse se trouve dans cet acronyme – le MADA pour « mobile application distribution agreement » qui, au delà de l’accord d’exclusivité à 18 milliards de dollars annuels entre Google et Apple, donnerait la possibilité aux constructeurs de mobiles tels que Samsung de mettre les applis Google et le moteur de recherche de Google par défaut sur les smartphones.
- Sur la forme, l’accès aux débats agite la société civile américaine.

Le “MADA” – une contrainte   pour tous les concurrents potentiels de Google

Jonathan Tinter, corporate VP pour le business development chez Microsoft a indiqué que son entreprise était prête à entrer dans des accords non profitables d’exclusivité avec les fabricants de smartphones pour permettre à Bing et Edge d’être paramétrés par défaut. Mikhail Parakhin, CEO Advertising et Web (ex Google et Yandex) chez Microsoft a ajouté l’avantage d’échelle de Google car c’est l’utilisateur qui contribue lui-même à améliorer le service de recherche (feedback mechanism loop), or ces effets sont moins présents chez les autres moteurs moins fréquentés. Il a confirmé qu’Apple avait été approchée par Microsoft qui était prêt à partager 100% du revenu  pour accéder au graal du paramétrage par défaut de son moteur de recherche. Mais Microsoft s’est heurté à un refus, dans une quasi-indifférence. Entre 2013 et 2017, Apple et Microsoft avaient pourtant trouvé un accord pour paramétrer Bing par défaut pour Siri et Spotlight sur iPhone et iPad. Mais l’accord à quelques milliards de dollars annuels aurait pris fin en raison d’une modification du deal entre Apple et Google. A défaut d’accord avec Apple, Microsoft s’est tourné vers Samsung qui lui aurait répondu « qu’ils ne souhaitaient pas contrarier Google ». Dans la même veine, Alex Austin, ex-CEO de Branch Metrics a également été entendu et confirmé  que l’accord d’exclusivité avec Google liant les partenaires potentiels de Branch Metrics était une barrière à l’entrée. Ces accords  auraient conduit  Branch Metrics à pivoter le produit offert à ses partenaires vers la recherche sur applications offline, pourrespecter les contraintes posées par ces accords d’exclusivité.

 

Apple continue de défendre son accord d’exclu à 18 milliards de dollars avec Google

Eddy Cue, Senior VP chez Apple a continué de défendre les accords d’exclusivité permettant à Google d’être le moteur de recherche par défaut sur les appareils Apple. Selon lui, nul besoin de créer son propre moteur de recherche,  Google serait la meilleure option. Toute la discussion est désormais de savoir si cette position est le fruit des accords d’exclusivité dont les contreparties financières (18 milliards d’euros annuels versés par Google à Apple) seraient suffisantes pour « désintéresser » Apple – c’est l’axe défendu par le département de la Justice américaine . Ou si   les qualités intrinsèques de ce moteur   en font la meilleure option. Interrogé sur l’importance de la protection des données des utilisateurs, un des fers de lance de la communication de la marque à la pomme, Eddy Cue a maintenu sa position vis-à-vis de Google, alors que des éléments produits par le département de la justice américain montreraient (ils n’ont pas été rendus publics) qu’Apple savait que la donnée personnelle est au cœur du business model de Google.

 

Les débats s’ouvrent au public, mais les conseils prennent désormais plus de précaution pour en divulguer le moins possible

L'autre question lancinante du procès Google est l’accès aux pièces et débats. La semaine a été agitée par les demandes désormais pressantes des journalistes, de la société civile américaine pour lever la confidentialité des débats. Le Juge Mehta s’est montré beaucoup plus ouvert sur le sujet, le Département de la Justice américain a pu republier des éléments qu’ils avaient dû retirer de leur site. Effet collatéral de ce débat, les conseils de Google ne diffusent plus de documents dans la salle d’audience. Ils lisent les pièces en intégralité. Les débats n’étant pas enregistrés, c’est à qui saura le mieux retranscrire les propos échangés.

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