Qui ?
Camille Dupré, directrice de la publicité, France et Benelux de Handy.
Quoi ?
Le point sur Tinklabs, 1° licorne Hong Kongaise, jusque-là très discrète dans les médias, qui commercialise de la pub sur les téléphones offerts aux clients des hôtels 3 à 5 * dans le monde.
Comment ?
En 2012, un Hong Kongais de 26 ans, Terence Kwok a une idée toute simple : fournir des téléphones portables et des tablettes fabriquées spécialement pour sa société Tinklabs, aux clients des hôtels. L'étudiant n'arrivait pas à louer un téléphone pendant un voyage, il a arrêté ses études à Chicago pour monter sa société. "Si on y réfléchit, fabriquer des mobiles est un bon investissement. Le coût du matériel divisé par 24 mois et par le nombre d'utilisateurs est bien plus bas que celui de la publicité pour cibler les voyageurs. Les personnes qui ciblent le voyage dépensent des fortunes sur Google pour cela". Six ans plus tard, Handy est une licorne valorisée 1 Mds $, qui a distribué 500 000 téléphones propriétaires aux hôtels dans 82 pays, soit 42,2 millions de mobinautes (900 000 à la fin de l'année). Au Japon, Handy couvre 40 % du marché des hôtels. "L'idée était de pouvoir rassembler la cible des voyageurs dans le monde, par essence volatile", explique Terence Kwok à Ad Week, en mars dernier. Avec ce téléphone, le client profite de la 4G, passe des appels à l'international. Il peut aussi baisser les rideaux de sa chambre, ou obtenir un dépannage en cas de panne de voiture. Chaque téléphone est associé à une chambre et loué à l'hôtel. "Nous générons 20 % de chiffre d'affaires supplémentaires pour l'hôtel et un ranking amélioré sur Tripadvisor. " explique Camille Dupré, qui commercialise la publicité d'Handy en France et en Benelux. "Comme l'hôtelier souhaite la bienvenue dans la chambre avec ce téléphone, il peut proposer une coupe de champagne au bar, ou une réservation au spa". Le système était prévu pour les hôtels de luxe, mais il a été étendu aux trois étoiles, car "la clientèle asiatique ne dépense pas beaucoup dans son hôtel, et se réserve pour son shopping".
WhatsApp ne fait pas d'ombre à Handy
Malgré la possibilité de recourir à Whatsapp pour faire ses appels à l'étranger, le téléphone est utilisé par 86 % des clients dans l'hôtel et 71 % l'utilisent également à l'extérieur. Les clients d'hôtel représentent 50 % des ventes des marques de luxe. Longchamp, Coach ou Michael Kors sont clients. Mais le dispositif intéresse aussi les annonceurs du voyage. "Le client d'un hôtel 5 étoiles peut tout à fait intéresser Cathay Pacific pour le lancement de sa business class sur certaines lignes", explique Terence Kwok. Handy connait en effet la durée du séjour de la personne, et avec le check out, qui va être en place, son pays d'origine. "Nous sommes capables de vendre aux marques le nombre de téléphones entrés dans le magasin", explique Camille Dupré, reste à savoir si cela est conforme avec la RGPD (NDLR). La publicité est vendue classiquement au coût pour mille. "Mais on peut faire de la publicité sur tous les téléphones d'un seul hôtel. "La pub renvoie à la vidéo, au site de l'annonceur et au brand content. Les marques peuvent s'insérer dans les dispositif éditoriaux produits par la plateforme et compléter le dispositif par du print : Luxos, le magazine papier, racheté en 2017, est fourni aux hôtels avec le téléphone. Tester des véhicules aux portes de l'hôtel, mettre des bracelets électroniques sur le device pour être livré en une heure et demi. Tout est possible. "Les campagnes varient de 5 000 à 500 000 €".
Les prochaines étapes de la licorne ? Luxos Sélect, un booking d'hôtels de luxe, qui devrait ouvrir très prochainement. Et surtout, ce concierge d'hôtel en hologramme, qui pourrait avoir l'apparence de Tom Cruise ou d'Angelina Jolie, développé en ce moment par Handy avec l'un de ses 25 actionnaires, un grand acteur de l'entertainment situé à Hollywood....