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JF Grazi, Business Immo : « La crise, on va lui mettre un coup de boule »

Qui ?

Jean-Francois Grazi, CEO de iread et fondateur du groupe Business Immo.

 Comment ? 

Comment avez-vous passé les trois derniers mois ?

C'a été d'abord la stupeur. Paris en ville vide, a eu un impact psychologique sur chacun d'entre nous. Cela étant, la crise est un accélérateur de faillites pour les entreprises qui allaient déjà mal. Mais aussi un accélérateur de changement. Cela a été l'occasion, pour nous, de réfléchir à un nouveau mode de fonctionnement.

C'est-à-dire ? 

En décembre dernier, nous voulions déjà accélérer la digitalisation du groupe et réfléchir à de nouveaux produits. Pendant le confinement, nous avons travaillé toutes les semaines sur ces sujets, et nous avons été prêts plus tôt que prévu. Nous étions leader, dans une situation confortable, depuis 15 ans. cette crise nous a réveillés et donné de l'humilité. Nous sommes sortis de l'innocence en sentant le danger. Après la surprise et la peur le cerveau s'enclenche et on trouve de solutions pour rester vivants.

Le 1° mars, juste avant le confinement, nous avons acquis un éditeur de cartographie. Pendant la crise, nous nous sommes pensés comme un groupe de 50 personnes, et nous avons enlevé les silos entre les trois activités : iread , notre labo data et analyses, iread geospace, notre nouvelle filiale toulousaine de cartographie et Business Immo, qui produit de l'info et des événements pour les acteurs de l’industrie immobilière. Auparavant, nous étions dans le « syndrome Air France Air Inter », nous avions du mal à mutualiser et à sortir du mode en silos. Pour échapper à ce syndrome, nous faisons disparaitre les marques en interne. Le groupe a aujourd'hui quatre métiers, la rédaction, le lab, la formation et les événements, qui s'appuient sur 6 fonctions support, la régie, la data, l'IT, la plateforme web, l'IT et les RH.  Le marketing et la com travaillent pour tous les pôles.

Comment a évolué l'offre produit ?

Pendant le confinement, nous n'avons pas perdu un euro dans les renouvellements d'abonnement. Le CA a chuté sur les conférences. Les formations sont passées en mode remote. Et la pub n'a quasiment pas décroché de nouveaux clients.. L'édition du magazine Business Immo est parue en digital sur la période mars juin. Nous apourrions devenir éditeur purement digital dans 1 à 3 ans. Dans la période actuelle, on ne vendra plus de pub à l'unité, mais des dispositifs croisant sponsoring de nos émissions vidéo dans BItv, webinar sponsorisé et rappel de ce webinar dans le magazine, par exemple. En juin, nous allons annoncer notre programmation de conférences en Visio pour septembre et octobre, grâce à l’outil ClickMeeting. Il faut adapter le langage, la durée et le nombre d'intervenants, pour rester pertinent sur un écran. La difficulté est de fidéliser le public, qui peut quitter la conférence à tout moment, alors que dans une conférence physique, c'est un peu délicat de quitter son siège et de partir sous le regard des autres ! Mais la conférence en ligne a aussi des vertus, elle fait gagner du temps : entre le déplacement et la conférence, celle-ci prenait 3 h de notre temps...Enfin, avec iread, nous mettons au point des outils d'aide à la décision, pour les investisseurs du secteur immobilier.

Vous êtes cinquante  personnes aujourd'hui. Fin 20, vous serez combien ?

On aura tous un mauvais bilan sauf Amazon. Une fois passé la stupeur, il faut redevenir lucides, je n'aime pas faire le dos rond. Je préfère être debout et affronter  le danger qui vient en face. Nous, la crise, on va lui mettre un coup de boule. Et on va embaucher de nouveaux profils en cartographie et dataviz. Nous serons prêts en septembre pour accéler notre activité. Pour les entreprises, ce qui se passera pour les quatre derniers mois de l'année  fera office de « juge de paix »  et sélectionnera ceux qui attaqueront l'année suivante. Bien sûr, si le CA continue de chuter il faudra prendre des mesures difficles. Mais en attendant, on se met en ordre de bataille pour répondre aux nouveaux besoins de notre marché. Il faut sauver l’entreprise, maintenir l’emploi et se développer !

Que sera le monde d'après ?
Pour moi, cette expression n'a aucun sens. On ne peut rien prédire, c'est à nous de le fabriquer ce fameux « monde d’après ». Il y a une remise en question dans l’usage et l’affetcation de sm² au bureau. L'immobilier est le deuxième poste de cout après les salaires et il est de plus en plus cher. On pensait avant cette crise que tout le monde devait être au bureau en même temps. En sortie de crise, la présence au bureau se fera par roulement. Le bureau n'est plus le lieu unique de travail, mais le lieu de la rencontre. Mais il faut aussi faire attention que chacun garde un rythme de travail compatible avec celui des autres. Il est temps de se remettre au travail ...et de revenir au bureau !

 

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