Qui ?
Rolf Heinz, Président & CEO de Prisma Media et Président G+J International Europe.
Quoi ?
Le bilan des lancements et acquisitions (Business Insider, OhMyMag, Gentside) de Prisma en France, réalisé à l'occasion du Cristal Festival 2016, où Rolf Heinz intervenait.
Comment ?
- En cinq ans, vous avez investi 100 millions d'euros en France, pour des lancements ou des rachats. Quel bilan tirez-vous de l'un des derniers d'entre eux, le Groupe Cerise (lire aussi notre article), acquis en mai 2016 ?
En 37 ans de présence en France, cette acquisition est l'investissement le plus important pour le groupe. Le bilan est déjà très positif : nous sommes au-dessus de nos objectifs de chiffre d'affaires sur le deuxième semestre 2016, avec des records battus chaque mois. Nous allons d'ailleurs investir plus que prévu dans le plan d'internationalisation, pour lancer les sites d'OhMyMag et Gentside dans de nouveaux pays, comme l'Italie. En Allemagne, Cerise est déjà rentable. Les équipes sont extrêmement dynamiques et compétentes, que ce soit dans leur coeur de métier - la vidéo - ou sur les logiques d'acquisition de trafic et de monétisation.
- L'autre moment fort de 2016 pour votre groupe a été le lancement de la version française de Business Insider, à l'automne. Premier bilan ?
Nous nous sommes fixés un objectif d'un million de visiteurs uniques en un an. Je peux déjà vous annoncer que nous avons atteint la moitié de cet objectif en trois mois, car sur décembre, nous allons comptabiliser entre 400 000 et 500 000 visiteurs uniques. Nous allons ensuite développer les études et les événements BtoB : ce n'était pas la priorité au lancement, mais c'est une piste que nous souhaitons explorer.
- Quels sont les grands projets de Prisma Média pour 2017 ?
Nous poursuivrons nos acquisitions sur le digital avec un focus sur les secteurs de croissance : mobile, vidéo et data. Nous lancerons également de nouveaux magazines. Nous travaillons sur quatre projets de lancements de nouvelles marques avec pour objectif d'en lancer deux en 2017, plutôt au second semestre.
- Et en termes de diversifications ?
Nous allons faire de plus en plus de "live", un domaine dans lequel le groupe a assez peu investi jusqu'alors. Nous avons racheté le Web Programme Festival, un événement qui vise à fédérer les jeunes talents digitaux. Nous travaillons aussi sur des conférences BotB, mais les projets restent encore à définir, car nous avons plusieurs marques qui peuvent se prêter à l'exercice. En parallèle, nous continuons à faire croître notre activité d'édition de livres. Et sur le digital, nous nous concentrons sur nos secteurs de croissance : le mobile, la vidéo et la data.
- La vidéo est l'un de vos axes de développement : où vous situez-vous aujourd'hui ?
Nous avons connu une année très forte, notamment grâce à l'acquisition de Cerise, qui nous a permis de devenir l'un des tous premiers acteurs de la vidéo en France en termes d'audience, derrière Youtube et Facebook mais devant tous les groupes médias et Dailymotion. Nous faisons croître l'inventaire des marques du groupe, avec nos quatre studios. Au premier trimestre, nous allons dépasser les 100 vidéos produites chaque jour. Nous sommes en train de recruter, pour avoir très prochainement une équipe de 50 personnes dédiées au sein de Prisma Media. En termes de chiffre d'affaires, la vidéo reste encore faible, mais avec un énorme potentiel de croissance.
- Que vous inspire le rapprochement de M6 et RTL, qui, comme vous, sont des filiales de Bertelsmann ?
Au sein du groupe, la France faisait figure d'exception : dans tous les autres pays, la télévision et la radio sont depuis longtemps dans la même division. Le projet qui vient d'être annoncé est totalement pertinent, mais ce n'est pas à moi de le commenter. Sur le sujet de la vidéo, nous allons continuer à chercher des projets de partenariats avec M6 et RTL, même si nous sommes aussi en compétition les uns avec les autres. Nous avons notamment collaboré avec Golden Moustache ou Freemantle par le passé. Nous travaillons tous bien ensemble.
- Ce rapprochement est aussi un moyen de peser davantage face à des acteurs mondiaux comme Google ou Facebook...
Nous sommes tout à la fois des partenaires, des prestataires, des clients et des concurrents... Amazon, Google ou Facebook sont tous des "key accounts" chez Bertelsmann. A chaque fois que nous sommes en partenariat avec des plateformes de distribution et des technologies, il faut que nous nous assurions que les bénéfices soient partagés. Parfois, nous souhaiterions un peu plus de transparence. Pour autant, cela ne doit pas nous empêcher de nouer des partenariats, avec un bénéfice mutuel.
Propos recueillis par Benoit Zante