Qui ?
Antoine Denoix, CEO d'AXA Global Parametrics.
Quoi ?
Un avant-goût du futur de l'assurance, en mode climatique et automatisé.
Comment ?
Certains font leur rêve de start-up en mode interne. En novembre dernier, Antoine Denoix quittait un prestigieux poste de Chief Marketing, Digital, Data & Customer Officer d’Axa France (et le co dir), pour une petite équipe d’une vingtaine de personnes. Une activité lancée comme un spinoff d’Axa Corporate Solutions il y a deux ans, opérant dans plus de 40 pays : Axa Global Parametrics. L'activité dépend d’Axa Next, l’écosystème d’innovation dirigée par Guillaume Borie et vient d'obtenir un support financier du Groupe Axa pour soutenir son investissement dans ce nouveau territoire de l’assurance.
Les concurrents dans ce nouveau domaine ? Swiss Re et Munich Re , qui viennent, eux, de la réassurance. Une assurance paramétrique est complètement automatisée. Rapide, simple, personnalisé, le paramétrique est une véritable révolution pour les assurés. Son fonctionnement ? Suite à l’évolution d’un indicateur climatique (ex : température, ensoleillement, précipitation, magnitude ou hauteur de vagues …), une somme d’indemnisation (fixée dès le départ avec l’assuré) est immédiatement déclenchée. Fini le nécessaire passage de l’expert, l’incertitude du montant de l’indemnisation, les formulaires à rallonge … « Le développement du paramétrique vient de la data. Plus il y a de data entre les objets et les écrans, plus il a du sens ». Il s'applique aujourd'hui au climat. Mais il aura demain, avec les voitures et les habitations connectées, de nombreux autres débouchés. « Le paramétrique est un moyen, pas une finalité. Cela nous fait évoluer dans le lien que nous avons avec nos assurés en gommant le point douloureux du délai entre le sinistre et le remboursement. »
Pour le risque climatique, une seule donnée est nécessaire pour protéger : la localisation. Des exemples ? Des viticulteurs dans le Bordelais, indemnisés en cas de gel ; des populations des îles Pacifiques reçoivent une aide rapide en cas de cyclones ; des constructeurs s’assurent quand la température est trop froide pour faire sécher le ciment ; les clients de festivals, indemnisés en cas de grosses pluies … « 80% des secteurs de l’économie sont sensibles au climat ». Le changement climatique bouleverse peu à peu les équilibres des sociétés. L’assureur a un rôle de stabilisateur à jouer, et pas uniquement en France. AXA Global Parametrics participent à 4 grands dispositifs gouvernementaux de protection des populations. « En Inde, 55 millions d'agriculteurs sont par exemple protégés de la pauvreté, en cas de sécheresse sur les cultures. Nous faisons partie de ce dispositif ».
Aujourd'hui, les produits sont commercialisés par des courtiers, « mais demain, les telcos, les banques et le utilities, ou même des acteurs de l’agro-alimentaire, pourraient se mettre à distribuer cette offre, qui a le mérite d'être simple ».
Un dernier exemple : « au Chili, lorsqu’un feu de forêt se produit, c’est l’image satellite (pixels brûlés ou pas brûlés) qui déclenche notre indemnisation. Demain, il faudrait que nous puissions aider notre assuré à éteindre le feu avant qu’il ne se répande, en temps réel … Avec l’observation satellite, le monde physique est mis en data. Aujourd'hui, les résolutions disponibles sont à quelques mètres, et la data met quelques heures à peine à revenir sur terre pour être actionnée. ». Une formidable opportunité pour développer de nouveaux services autour de la protection climatique.