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Quand Axa et la SNCF mettent le management cul par dessus tête

Qui ?

Olivier Bas, Vice-Président d’Havas Paris, David Leborgne (en photo), Chief Digital Officer SNCF, Guillaume Cabrère, Innovation Project Director, Axa Next, Bruno Mettling, Président fondateur Cabinet Topics.

Quoi ?

Une conférence d'Havas sur la délicate mise en oeuvre de la transformation digitale en entreprise.

Comment ?

« La transformation digitale amène à revoir l’écosystème entier », explique Olivier Bas, vice-président d'Havas Paris. En commençant par l'humain : 60% des transformations numériques seraient compromises par des modes de management non-adaptés et un manque de flexibilité dans l’organisation. Mené en 2016, le projet Aristote de Google identifie les cinq clés pour un bon management d’équipe. Conduite pendant deux ans sur des centaines de salariés de Google, l'étude identifie la "Psychological Safety" (que l'entreprise ne sanctionne pas l'échec) comme l'élément le plus important. Et distingue : l’acceptation de la digitalisation (60%), le comportement contraint, qui se sent obligé d’accepter le changement (30%). Et le comportement « nouveau » (10%), qui permet de prendre des initiatives, des décisions risquées, d'expérimenter, en collaborant avec de nouvelles personnes sur de nouveaux outils. « L’innovation dépend de l’inventivité, la capacité de chacun à prendre des initiatives et des décisions risquées », explique Olivier Bas. «On ne peut pas changer les états d’esprit avec des méthodes. Il faut inventer les nouveaux formats de la transformation ». Pour Bruno Mettling, fondateur du cabinet Topics, le numérique est arrivé sur un mode d’organisation du travail à bout de souffle : l’intelligence artificielle et son impact sur la relation client sont allés beaucoup plus vite que prévu. Le management n’a pas été embarqué dans les nouveaux modes de fonctionnement. Les métiers digitaux restent incompris des dirigeants. Sans compter le risque psychosocial, les risques de santé dû au stress et à une surcharge de travail : « Il ne peut y avoir de transformation numérique réussie que si elle embarque tout le monde et prend en compte les rapports de la médecine du travail ».
Embarquer tout le monde, c'est le mot d'ordre de la SNCF et Axa. Surnommé le "cheminot gafiste", David Leborgne, Chief Digital Officer de la SNCF tout juste sorti de chez Google veut "régler des problèmes du quotidien avec le digital". Apporter le digital aux clients, mais d’abord aux collaborateurs, en leur mettant à disposition les bons outils (tablettes, téléphones…). « Le digital part de l’humain au service de l’humain. Les agents sont les sachants. Nous souhaitons que les dirigeants soient à l’écoute des agents. Pour embarquer les gens, il faut être à l'écoute de leur métier et mettre la technologie au service de cette réalité. Au lieu de promouvoir des outils digitaux ». Pour cela, la SNCF a mis en place la stratégie des petits pas, démontrant par l’exemple que cela marche. Les Maisons du Digital mêlent co-working, showroom et zones d’expérimentation, hébergent des Fabs (centres d’expertises dédiés au big data, design, internet industriel et open innovation), des équipes projets digitaux et accueillent des collaborateurs pour des moments d’inspiration ou de co-création. Ces lieux poussent aussi à penser plus largement : « L’erreur serait de rester focalisé sur son cœur de métier : Les clients de la SNCF ne sont plus seulement en attente de trains qui arrivent à l'heure mais d'une solution de mobilité globale qui inclut aussi le trajet de la gare à chez soi et qui intègre d'autres mobilités que le train. » Apprentissage pour tous et pensée 'out of the box' sont aussi au menu chez Axa.

Deux cent cadres dirigeants ont fait un voyage d'étude de trois jours à San Francisco. Depuis un an et demi, les 120 000 collaborateurs du groupe ont accès gratuitement à 300 formation de Coursera (des cours des meilleures université en soft skills, data, langues....). Pour mieux appréhender le digital, les dirigeants sont coachés en reverse mentoring (par les jeunes générations). Les dirigeants sont coachés pour appréhender ces changements, à travers du reverse mentoring. Guillaume Cabrère, Innovation project director, d'Axa Next insiste sur l'importance de cette démarche où la jeune génération apprend à ses patrons : « Ça crée un appel d'air entre générations. Et cela fait écho à cette étude Aristote de Google. Pendant ces sessions, les dirigeants posent toutes les questions possibles et imaginables, en one-to-one. Un accord de confidentialité permet de se libérer de la peur d’apparaître comme ignorant sur certains sujets ». L’entreprise peut continuer à apprendre et déployer son savoir-faire, tout en développant d’autres métiers et expertises. Toutes ces formations infusent le digital dans les habitudes de travail et permettent de penser en s'inspirant d'autres secteurs. A savoir cependant : tous les services n’avancent pas à la même vitesse dans leur transformation : « Axa Next va plus vite que le département logistique ou compta. Et c'est normal. Chacun apprend à son rythme. On n'est pas tous égaux. il faut défendre l'idée d'une entreprise plusieurs vitesses. »

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