Qui ?
Antonia McCahon, Global Head of Digital Marketing du groupe Pernod Ricard.
Quoi ?
Un entretien bilan de l'Innovation Day du groupe.
Comment ?
Pernod Ricard a réalisé 100 innovations en 2011, et en lancera 140 cette année. Le groupe a été consacré 15 ème entreprise la plus innovante dans le monde par Forbes. Tout cela pèse un quart de la croissance du groupe. Et cet appétit pour la nouveauté, même si elle déstabilise, ne date pas d'hier. En 1940, la société Ricard est frappée d’interdiction de fabriquer "son" pastis. Contraint de fermer les portes de son usine, Paul Ricard ne baisse pas les bras, mais rapatrie son personnel masculin à Méjanes, pour le soustraire au Service du Travail Obligatoire, en Allemagne. Sur les 1200 hectares de la propriété laissés à l’abandon, il se reconvertit dans l’agriculture. Puis il entreprend d’importants travaux d’irrigation. Dès la Libération, il lance la culture du riz camarguais à grande échelle. Méjanes devient alors une exploitation modèle de la riziculture française.
"On faisait de l'alcool ? et bien on va faire pousser des légumes et élever des poules", c'est bien cet esprit hardi qu'il convient de cultiver à l'ère numérique. La journée dédiée à l'innovation a livré son lot de nouveautés. Au delà d'un hackaton (200 développeurs bridés sur la convivialité) pour les élèves de l'école 42 de Xavier Niel, l'heure était à la présentation des nouveautés. Depuis trois ans, le groupe a créé un écosystème autour de l'innovation, avec un fond d'investissement, un concours interne ("Kangaroo Fund"), 200 mètres carrés dédiés à l'innovation (BIG à Bastille) et une digital accélération team de 80 personnes, reliées par Chatter, regroupant des personnes de toutes fonctions et de tout pays.
Les 129 marques sont encouragées à prendre des risques et le digital permet d'innover à bas coût, en reliant toutes les actions entre elles. Alors que Pernod Ricard se veut le point de rencontre entre le digital et le monde réel, "l'innovation est ancrée dans la convivialité" explique Antonia Mc Cahon. Alexandre Ricard, qui sera président du groupe dans 15 mois, est le sponsor de sa digitalisation. "Connaitre mieux le consommateur nous sert à mieux servir son expérience de convivialité. Jusqu'à présent, nous étions aveugle sur l'expérience du consommateur. Le digital nous rend la vue". Un partenariat avec la Sorbonne permet ainsi d'observer les modes de socialisation dans les grandes villes du monde. "Cela nous donne des insights profonds et nous alerte sur les dynamiques émergentes."
"Quand je suis arrivée il y a cinq mois, j'ai été frappée par le nombre de projets digitaux". Beaucoup émanent du public : les fans de la marque ont donné l'idée de Sipster, une appli qui propose des ventes flash liées à des événements dans la musique. En Chine, une bouteille allie un sceau avec un QR Code et un hologramme. Le consommateur active lui même le code pour se protéger de la contrefaçon. Le groupe a remarqué que 100 millions de requêtes sur Google concernent les recettes de cocktail ? Des centaines de vidéos à la demande sont déployées pour répondre aux requêtes. Un partenariat avec Google a été mené sur les "places of interest", recensant 3 000 bars dans le monde. Depuis février 2014, cette sélection est intégrée dans l'appli Filtrate, et dans les Google glasses. En 2012, le groupe fait un prototype de t-shirt connecté pour Ballantines (lire notre article). 16 000 personnes veulent l'acheter. La vidéo du concept a généré 2,7 millions de vues. Les RP cumulent 200 millions d'impressions. C'était un projet Ballantines, il est en train de devenir un projet groupe, un "convivialité T shirt". 25 unités ont été produites à la main, pour 3 000 euros pièce, et ont fait le tour des DJ. Le prix tombe à 500 dollars pour 20 000 commandes.
"Nous ne sommes pas encore très bons sur la communication. Des projets comme le Tshirt ou le projet Gutenberg (une sorte de Nespresso pour les cocktail, révélé lors de la journée et qui est annoncé pour 2015) servent notre image. Et nous allons commencer à nous en servir comme vecteurs de communication" Avec qui travaille l'innovation chez Pernod Ricard ? "C'est une question de gens. La cellule BIG à la Bastille nous sert d'incubateur d'innovation et de centre de rencontre avec les start-up. Nous travaillons avec des consultants, pas beaucoup avec des agences."