Qui ?
Guillaume Pepy, Pdg de SNCF Mobilités, Patrick Jeantet, Pdg de SNCF Réseau et Benoit Tiers, Dg Digital et Systèmes d’information de e-SNCF
Quoi?
Un voyage de presse au plus vieux Technicentre Industriel de la SNCF à Hellemmes, pour faire le point sur la stratégie data du groupe.
Comment ?
"La zone a été sécurisée" annonce le responsable du site. Bienvenue à Hellemmes, plus vieux centre de réparation des trains de la SNCF. Autrefois dédié aux locomotives à vapeur, c'est maintenant les carcasses de TGV, d'Eurostar ou de Thalys qui s'accumulent et attendent d'être remises à neuf pour encore 20 ans de services. La destination du voyage de presse est un bon symbole : le lieu, qui accueille le 5ème pôle innovation de la SNCF (baptisé "574"), sera entièrement reconstruit en "usine du futur" d'ici 2019. Mais le train qui transportait les deux Pdg de la SNCF et une vingtaine de journalistes a eu 30 minutes de retard, la faute à la signalisation du train d'en face.
L'ouverture à la concurrence ferroviaire de 2021 ne laisse pas le choix : pour Guillaume Pepy, la SNCF doit devenir une "data-driven company", une entreprise tournée vers la donnée. Des milliards d'informations, données analogiques et numériques, sont produites tous les jours par le réseau ferroviaire. Puis traitées et récupérées par les agents (données de maintenance, contrôle des billets) comme par les clients finaux (horaires, prix...). Avec l'apparition du numérique et de nouvelles technologies dans le système ferroviaire, l'information issue de la circulation des trains et des voyageurs n'a fait qu’augmenter... Tant mieux : multiplier le traitement des données par le biais des nouvelles technologies permet de mieux contrôler ces informations.
Tout prévoir (sauf les grèves)
Depuis un an, la maintenance prédictive réduit les pannes (-30%), les accidents, et permet aux trains d'arriver à l'heure (en temps normal). Le réseau ferroviaire est progressivement dupliqué en mode numérique. Les trains équipés de la technologie Lidar cartographient l'intégralité du réseau pour générer un "jumeau numérique". L'objectif : acquérir des données pour décrire le réseau, détecter si les composants sont en état de marche, et analyser la circulation des trains. Une application smartphone pour les conducteurs de trains, Vibrato, analyse également les vibrations des voies et détecte les anomalies.
La technologie, bras armé de la maintenance
Côté maintenance et sécurité, les chaudronniers d'Hellemmes emploient systématiquement des drones pour simplifier l'examen du toit des trains (autrefois manuel) : une heure de travail contre une journée auparavant. Hellemmes teste également les lunettes connectées Vuzix* pour faciliter les échanges vidéo et audio entre employés, et la résolution des pannes techniques à distance : les lunettes enregistrent ce que l'utilisateur voit et un technicien peut, à distance, indiquer la marche à suivre.
*(louées par ailleurs 500 € par mois, avis aux amateurs)
[ #Démo #Drone ] - C’est un gain de sécurité pour l’opérateur, un gain de temps dans la révision, ce qui accélère la remise en service des rames pour les clients. Aussi, les images alimentent la base de données technique sur chaque train. - #DigitalSNCF pic.twitter.com/iA9WH80R7a
— SNCF Digital (@SNCF_Digital) 29 août 2018
Le parcours client inspire la stratégie data
L'application SNCF fait peau neuve et promet de traiter les informations en temps réel. Dans les gares, Data IV facilite l'accès à l'information avec une promesse : 85% des trains annoncés au maximum 20 minutes avant le départ. Pour composter, la SNCF déploie lentement depuis 2017 la technologie NFC embarquée dans la carte SIM des smartphones (essentiellement réservée aux clients Orange...). Pour Benoit Tiers, Dg digital et SI : "La mobilité doit être un ensemble de micro moments, physiques et digitaux, qu'il faut savoir combiner". Dans le train, le transporteur fixe l'objectif d'une couverture 4G à 90% sur l'ensemble du territoire d'ici 2020. Les données de déplacement anonymisées par Data.flux voyageur permettent de cartographier la provenance des passagers et leur lieu de destination, d'organiser le réseau et de proposer des services complémentaires comme des navettes. Enfin, une bibliothèque opendata de 218 jeux de données est mise à disposition et déjà utilisée par plus de 8 000 entreprises et startups.
Au cours de cette matinée, les journalistes ont pu observer la rigueur du défilé des différents directeurs devant leur Pdg, mais aussi la souplesse d'une très grande entreprise, qui n'hésite pas à aller acheter un drone à la FNAC quand il s'agit de réparer les toits des trains...
Sabrina Eleb