Qui ?
Guillaume Princen, Dg Europe de Stripe (en photo) et Philippe Collombel, managing partner du fonds d'investissement Partech.
Quoi ?
Un déjeuner de presse à l'occasion de l'inauguration des nouveaux locaux du boulevard Haussmann.
Comment ?
"Vu de la France, le paiement a été longtemps été ennuyeux". Philippe Collombel, et le fonds Partech ont investi dans de nombreux moyens de paiement, dont le sud coréen Toss, valorisé 1 milliard, est chargé de peindre l'environnement dans lequel évolue Stripe. "Le GIE carte bancaire faisait bien son boulot, on payait par chèque... de 1960 à 1994, le système était stable". Premier coup de tonnerre, en 2 000, avec l'émergence d'Internet. Alors, les sites de E-commerce se plaignaient de la lenteur de l'implémentation du paiement (45 jours). Aujourd'hui, les frictions se déplacent sur les Market place : ManoMano a 1 300 fournisseurs. Pas question pour autant de fractionner les paiements... L'explosion du tourisme (1,3 Mds dans le monde en 2017) et de l'immigration (300 M de personnes ne vivent pas dans leur pays d'origine) a aussi eu des effets sur la globalisation du paiement. Enfin, la révolution mobile a achevé de transformer en profondeur un paysage jusque-là très calme : on compte 25 M d'utilisateurs d'Apple Pay et 69 M d'utilisateurs de Walmart Wallet. Le monopole a littéralement volé en éclat. D'où l'intérêt de nouveaux opérateurs de service comme Stripe (start-up américaine dont les fondateurs sont irlandais, créée en 2010, contée dans cet article de Wired), qui agit comme intermédiaire avec tous les moyens de paiement. CQFD.
Aujourd'hui encore, en Europe, 67 % des paiements se font avec du cash. Mais en Chine, où le paiement mobile autorise des services comme le free floating de parapluie, "un Chinois peut faire tout un voyage sur ce continent sans manipuler un seul billet." En Suède, on paie son café mais aussi le musicien des rues avec Switch, la solution portée par le consortium bancaire. En Afrique du Sud, les services sociaux versent les allocations aux clochards sur leur carte. Le mobile Wallet a été promu pour des raisons éthiques en Suède et pour des raisons pratiques en Afrique.
de 100 000 à 1 million d'entreprises clientes
Guillaume Princen, Dg Europe de Stripe (mais aussi le grand frère de Nicolas, de Glose), s'interroge sur la rapidité d'expansion du commerce en ligne : "Il pèse 3 % du PIB mondial. Va-t-il représenter 20, 30 % ou 90 % dans quelques années ? Personne ne le sait. Mais on est très loin de voir son plafond. "Stripe mise particulièrement sur l'Europe : "15 % du commerce européen est transfrontalier. Il est temps de créer un marché digital unique". La France et son écosystème de start-up vibrant (753 levées de fond, la première place dans le classement européen du financement de start-up) est l'un des pays phares. Mais, avec 500 000 personnes, elle a moins de développeurs que l’Allemagne et le UK. En même temps, comme ils passent 20 h par semaine sur des problématiques de maintenance il y a de quoi les dégoûter.
Pour aider les développeurs, cette infrastructure universelle de paiement et de trésorerie est aussi un Saas, qui permet de s'adapter à chaque situation. Ce positionnement permet de se présenter comme un centre de profit plutôt qu'un centre de coût. "Dans l'économie de l'abonnement, on perd beaucoup de clients quand la carte bancaire arrive à échéance. Nous effectuons ces changements naturellement". Stripe gère la nouvelle market place de Spotify où les artistes indépendants vendent leur musique aux abonnés. Le Strong customer authentification, la régulation européenne (sorte de 3D Secure), entre en vigueur en septembre 2019 et doit faire baisser le taux de fraude, anormalement élevé en Europe. Les clients de Stripe s'y conformeront naturellement la plateforme intègre toutes ces mises à jour. "Nous avons 10 000 requêtes API par seconde, et nous avons opéré 3 200 mises à jour de l'API en 2018. Les banques classiques c'est 3 par an..."
Profiling d'un fraudeur de canapé
La plateforme de paiement avait 100 000 entreprises clientes il y a un an. Aujourd'hui, elles sont 1 million. Les grandes entreprises côtoient les start-up et recourent à Stripe quand elles visent de nouveaux continents, ou lorsqu'elles ouvrent des Market place, comme Dassault Systèmes vient de le faire.
Parmi les 100 nouveaux produits lancés cette année, Radar vise les équipes des entreprises dédiées à la fraude, Issuing émet des cartes de paiements physiques ou virtuelles et Terminal permet aux e-commerçants d'effectuer des paiements dans le monde physique. Alors que Paypal commercialise ses données, Stripe commercialise ses services. "Le seul usage que l'on fait de la data, c'est pour détecter les types de fraude par secteur. Un fraudeur qui achète un matelas n'a pas le même comportement qu'un fraudeur qui achète des sneakers"