Qui ?
Patrick Kervern, rédacteur en chef de Viuz.com et ex-Googler.
Quoi ?
Une tribune d'anticipation sur l'arrivée des "serendipity engines" dans le domaine de la recherche.
Comment ?
Il y a un an, Eli Pariser et Lenny-Rachitsky interpellaient Larry Page et Mark Zuckerberg lors d’un conférence de TED, les accusant à demi-mot d’avoir avec le Page Rank et l’Edge Rank, tué la serendipité , cette heureuse capacité à faire des découvertes liées au hasard.
Depuis, dans les laboratoires de Google, Facebook et Amazon on s’active à construire un algorithme d’un nouveau genre, non pas un moteur qui vous guiderait vers ce que vous souhaitez mais une machine qui vous donnerait ce dont vous pourriez avoir envie. En décembre, lors du rachat de Clever Sense par Google, Marissa Mayer, directrice des produits s’était même réjouie de cet achat d’une manière transparente sur Twitter, citant nommément dans son hashtag la serendipité.
Mais l’ultra-personnalisation et les systèmes de recommandations aussi sophistiqués soient-ils créent-ils vraiment de la serendipité ? Certains films ou livres improbables connaissent une carrière et un succès inattendus. Netflix a même créé Etats-Unis un prix de 1 Millions $ pour récompenser l’équipe d’ingénieurs capable de régler le fameux «Napoleon Dynamite problem».
Le véritable graal de la Serendipidty engine : créer un algorithme capable d’émuler les découvertes aléatoires faites en feuilletant un magazine dans une salle d’attente ou en zappant distraitement sur son poste de télé. Twitter ou le fil d’actualité de Facebook jouent parfois ce rôle impromptu. Lors du F8, Mark Zuckerberg avait attribué à l’Open Graph la capacité de créer la serendipité en temps réel. Le social graph est l'outil idéal pou trouver via ses amis ou amis d'amis le livre, le film ou le lieu de voyage surprenant ou idéal.
Pour Amyne Berrada et Saad Zniber deux anciens de l’Epitech et fondateurs du moteur de recherche Yatedo "le projet est totalement faisable et le match promet d’être intéressant : Google dispose de la technologie et possède une belle avance dans la structuration de données. En revanche Facebook dispose de la richesse de l’Open Graph et sait précisément ce que les gens veulent. En ce sens, les gens peuvent jouer le rôle des robots et faciliter la Serendipidty"
Aujourd’hui des startups comme Wajam ou Discovr et l’application situationnist tentent de recréer une expérience "serendipitesque".
Or, par sa nature même le processus de serendipity fait d’accidents, de coincidences et d’une disposition d’esprit particulière n’est pas simple à réduire en équation. Un paradoxe alors que le web représente certainement la plus vaste opportunité de serendipité de l’histoire des medias.
En dehors des laboratoires des grandes plateformes, la serendipité, la vraie, celle qui a guidé de nombreuses découvertes scientifiques voudrait que ce nouvel algorithme soit découvert dans un endroit inédit par des scientifiques à la recherche d’autre chose. Peut être dans un autre garage…