Qui ?
Shiv Singh, SVP Global Head of Digital & Marketing Transformation de Visa.
Quoi ?
Le point sur l'ouverture récente de Visa pour échapper à l'uberisation, lors de SXSW 2016.
Comment ?
"Nous sommes l'un des sponsors de la Coupe du Monde de foot. Pour préparer la prochaine, nous avons choisi de donner le même brief à nos agences et à une série de start-up. Cela nous a permis de recevoir plein d'idées folles" explique Shiv Singh. Cette initiative entre dans le cadre d'un processus plus large d'ouverture de Visa à de nouveaux partenaires. "Nous ne pouvons plus travailler de façon isolée comme par le passé, avec seulement quelques banques partenaires. La solution pour ne pas nous faire 'uberiser' ['blockbusterisé' de ce côté-ci de l'Atlantique, en référence au défunt concurrent de Netflix], c'est d'ouvrir notre marque et notre business, pour travailler avec des entreprises technologiques."
Ces nouveaux partenaires sont aussi bien des start-up "early stage", des "licornes" comme Square ou Stripe (dans lesquelles Visa a investi) que des géants comme Samsung, Google ou Facebook. "Traditionnellement, notre secteur a de très fortes barrières à l'entrée. Mais si vous observez le paysage numérique, des acteurs comme Google ou Apple peuvent très facilement entrer dans notre business... C'est ce constat qui nous a conduit à mener un changement très agressif d'organisation : nous avons un mandat pour changer fondamentalement notre façon de travailler."
Dans le cadre d'une compétition internationale de start-up, Shiv Singh a défini les trois enjeux principaux de Visa pour "pitcher" les start-up. Il prône l'humilité : "Cette année, je vais travailler avec cinq nouvelles entreprises. Trois vont fonctionner, deux vont échouer. Il faut savoir échouer fièrement. D'ailleurs, je tiens à m'excuser auprès de toutes les start-up qui travaillent avec des grands groupes : c'est compliqué pour vous, mais ça l'est aussi pour nous ! Mais je suis convaincu que les bonnes innovations arrivent à émerger : si vous avez une bonne idée et une bonne exécution, ça fonctionnera, même si cela prend quelques mois de plus que ce que vous imaginiez au début."
Le groupe financier cherche aussi à attirer tous les types de développeurs, en ouvrant récemment les API de son réseau de paiement. "C'est la première fois dans notre secteur que quelqu'un ouvre son API. L'idée ? aider les développeurs à imaginer des choses totalement non-conventionnelles." Pour convaincre les talents de travailler pour Visa, Shiv Singh envisage aussi de développer l'"acqui-hire", une pratique courante dans la Silicon Valley, qui consiste à acheter une start-up non pas pour son produit, mais pour les gens qui la composent.
Benoit Zante