Qui ?
Pascal Lechevallier, créateur de TF1 Vision en 2005 et fondateur de l'agence What's Hot, spécialisée dans le développement des nouveaux média : télé connectée, social TV, SVOD, brand content.
Quoi ?
Un pamphlet d'anticipation sur la télé connectée, sur l'air de "tout va très bien Madame la Marquise".
Comment ?
"Il y a 4 ans, en décembre 2011, je me souviens qu’Eric Schmidt, le boss de Google, avait prédit qu’avant l’été 2012, la majorité des TV connectées seraient équipées de Google TV. Dans le même temps, on continuait de spéculer sur le lancement d’une Apple TV grand format. Et puis Médiamétrie publiait son premier baromètre de la vidéo dans lequel on découvrait que Youtube dominait de la tête et des pieds la consommation de vidéos sur internet. De quoi se poser des questions sur la capacité des acteurs français à prétendre à une part de voix dans ce nouvel univers.
Je me souviens aussi qu’au cours d’un colloque organisé par #PetitClub, un patron de chaîne avait dévoilé de grandes ambitions sur la TV connectée, tout en nous expliquant qu’elle ne dépasserait pas 5% du temps TV des téléspectateurs. On est à 50% du temps en décembre 2015.
Et puis, il y avait "The Project" : celui qui devait mettre d’accord tout le monde sur la TV connectée. Le projet qui devait réconcilier le public avec sa télécommande, qui devait rendre la navigation sur la TV encore plus facile, sympa, fluide. Son nom, tout un programme : HbbTV.
Ne me demandez pas ce que cela voulait dire, j’ai oublié.
HbbTV devait être la réplique des éditeurs de chaîne européennes pour harmoniser la distribution des contenus issus de l’internet (broadband) et des contenus diffusés par les chaînes (broadcast), permettant de gérer la diffusion du Replay, de la VOD, de la publicité interactive, du social gaming, des guides de programmes intelligents.
C’était sans compter sur le pragmatisme des constructeurs de TV qui, comme dans l’univers des smartphones, pour ne pas se laisser croquer par Apple, se sont rapidement alliés avec Google. Car il faut bien l’avouer : face au rouleau compresseur américain, personne n’a été en mesure de riposter en offrant une alternative solide pour gérer le nouvel écosystème de la TV connectée. Si bien qu’au bout du compte, 100% des TV connectées sont équipées de Google TV ou de l’iOS d’Apple, comme nos smartphones. Finalement c’est simple les nouvelles techno en 2015 : on a le choix entre Google ou Apple. Comme pour les voitures au siècle dernier, dans les années 60 : Renault ou Peugeot.
Si bien que toute la profession s’est réjouie du rachat de TF1 par Google en début d’année puis du sauvetage de la Fnac par Amazon. Sans oublier Apple, qui en contrôlant 100% de la distribution de la musique en Europe offre finalement aux producteurs une stabilité qu’ils n’avaient jamais connue.
Car qui aurait pu contribuer à hauteur de 2 milliards d’euros au financement de notre industrie culturelle ? Finalement, l’arrivée de la TV connectée a été une bonne chose pour la création française, elle n’a jamais disposé d’autant de moyens."