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Il devient urgent de légiférer sur la neutralité des plateformes !

Qui ?
Nicolas Rieul, VP Strategy EMEA de la start-up "adtech" S4M.

Quoi ?
Une tribune, alors que Criteo chute en bourse à la suite d'une décision d'Apple, qui bloque désormais les cookies sur Safari... mais laisse indemne l'écosystème applicatif. Ne serait-il pas temps d'imposer la neutralité des plateformes ?

Comment ? 

Les Européens, ayant inscrit comme principe fondamental la neutralité du net au sein du marché numérique unique européen en 2015, voient jeudi dernier l'Amérique passer du mauvais côté de l’Histoire. La fin de l’universalité de l’accès au contenu sur Internet outre-Atlantique ouvre la voie à un Internet à plusieurs vitesses, accentuant les fractures sociales.

Ce même jour, Criteo, rare exemple de réussite européenne dans l’économie du numérique, perdait 25% de sa valeur en bourse (50% depuis juin). Conséquence d’une décision d’Apple annoncée en juin et déjà effective depuis septembre de bloquer les cookies au sein de son écosystème web.

Si Apple bloque les traceurs au sein de l’univers web pour des raisons de respect de la confidentialité, il ne le fait bizarrement pas sur l'univers applicatif, qu'il a créé avec succès. Il rend donc ainsi plus difficile la monétisation des audiences éditeurs sur l'univers web et favorise l'univers applicatif - un environnement qui n'est pas compatible avec le service publicitaire vache à lait de Google, Adwords. Criteo serait-il  une victime collatérale de la  bataille entre Apple et Google ?

On ne compte plus les cas de sociétés lourdement impactées, voire détruites, suite à une simple mise à jour de CGU, d’API ou d’algorithmes de Google, Facebook ou Apple. Cela se passe le plus souvent de façon brutale, sans concertation, recherche de solutions, accompagnement ou dédommagements. Paradoxe : pour augmenter leur valeur, les plateformes incitent les start-ups à développer des contenus et services au sein de leurs écosystèmes, mais ne sont aucunement responsables de leur mise à mort par la suite.

Google, Facebook ou Apple sont les nouvelles portes d’entrée de l’internet. Leur position dominante exige une responsabilité légale supérieure par rapport à  l’écosystème numérique qui vit à leur périphérie et participe à  leur valeur.

Après avoir inscrit la neutralité du net comme un principe fondamental, il devient urgent pour l’Europe de légiférer sur la neutralité des plateformes ! Un rapport de 2014 du Conseil National du Numérique le préconisait. Qu'en a-t-on fait ? Marie Ekeland, nouvellement nommé à la tête du Conseil National du Numérique (et ancienne administratrice de Criteo)  va-t-elle déterrer le sujet ?

Nicolas Rieu 

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