Qui ?
Douglas Coupland, écrivain, artiste et bientôt scénariste de série pour HBO.
Quoi ?
Une interview avec l'inventeur du terme "Generation X", réalisée lors de la conférence Spotlight organisée par Konica-Minolta à Berlin.
Comment ?
- Vous êtes l'inventeur du terme "Generation X"... que vous inspire ses différentes déclinaisons, en Y, Z et même K ?
Arrêtons ! Si on suit cette logique, chaque individu peut définir sa propre génération. Le succès de "Generation X" a été une surprise totale. D'ailleurs c'est étonnant de voir qu'avec les "millenials", il se passe la même chose qu'à l'époque : c'est devenu un punching-ball sur lequel on s'acharne.
- Vous écrivez régulièrement pour le Financial Times, mais aussi pour Vice.com. Comment gérez-vous ce grand écart ?
Ma collaboration avec le Financial Times a commencé comme une expérimentation, c'était totalement inattendu... Depuis j'y publie une chronique tous les mois, ce qui est un petit défi : je n'étais pas habitué à écrire des tribunes d'opinion. Quant à Vice.com, c'est un autre extrême. Ils ont tous deux l'avantage d'offrir beaucoup de liberté, alors que des médias plus "mainstreams" imposeraient bien plus de contraintes. Je suis quelqu'un qui s'ennuie très facilement et j'ai besoin de rencontrer sans cesse de nouvelles personnes, d'apprendre de nouvelles choses. C'est pour cela que je me retrouve à faire des choses bizarres, comme cette présentation [quelques heures avant notre interview] pour Konica-Minolta. Quand j'ai reçu leur appel à mon bureau, je n'ai pas compris. Mais cela me pousse à m'intéresser à de nouveau sujets auxquels je n'aurais jamais pensé, comme le futur du travail.
- En regardant votre site internet, on a l'impression que vous écrivez de moins en moins et que l'art occupe une place de plus en plus importante dans votre travail...
J'ai évolué. La majeure partie de mon énergie est maintenant consacrée aux arts visuels : l'écriture est une affaire de temps, l'art une affaire d'espace. Et honnêtement, je trouve que le monde littéraire n'est pas ouvert à la liberté de pensée. C'est un univers très fermé, une sorte d'aristocratie. Mais qui a envie d'en faire partie ? Le monde de l'art est bien plus ouvert, et c'est ça qui m'attire. Même s'il a aussi ses cercles fermés, il est bien plus libre intellectuellement.
- La littérature, c'est donc fini ?
Il suffit de regarder autour de vous : on a ces films de centaines d'heures, des Breaking Bads, des The Queen, que les gens regardent et commentent comme ils le faisaient avant avec les romans : "Et toi tu en es où ? Tu penses quoi de tel personnage ?" Le monde des livres a été éclipsé par un autre medium. Tout change très vite, et je suis heureux de pouvoir sauter d'un iceberg à l'autre. Je suis d'ailleurs en train de travailler avec HBO sur une série - mais je ne peux rien vous en dire.
Propos recueillis par Benoit Zante