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Comment Microsoft accompagne les start-up

Qui ?
Pascal Fite, "CEO in Residence" de Microsoft Ventures à Paris.

Quoi ?
Un zoom sur le programme d'accompagnement des entrepreneurs Français mis en place par Microsoft, alors que son PDG, Satya Nadella, vient d'annoncer 83 millions d'euros d'investissements en France, dont 70 millions pour les start-up.

Comment ?

"Les start-up qui intègrent notre programme ont un objectif : générer la traction qui leur permettra de lever des fonds" explique Pascal Fite, à la tête de l'accélérateur parisien de Microsoft depuis juillet 2015. La méthode, éprouvée depuis sept promotions tient en deux mots : "aller vite". Les heureux élus ne disposent en effet que de quatre mois pour décoller, au sein des bureaux de Microsoft Ventures, installés dans le Sentier. "Quand elles arrivent, les start-up sont très centrées sur leurs produits. On les recentre sur leurs clients, en les poussant à appeler un maximum de contact, chaque jour, que ce soit des clients, des prospects, des investisseurs,... en agrégeant ces retours, elles peuvent se concentrer sur les fonctionnalités essentielles de leurs produits."

Au fil des mois, une série d'ateliers permettent d'acquérir les bases pour trouver son marché et convaincre ses premiers clients. "Nous avons par exemple un atelier sur la négociation avec les grands comptes : on prévient les start-up que ça peut prendre des années, elles ne doivent pas tout miser dessus." L'accélérateur préfère pousser ses start-up vers les marchés internationaux, que ce soit l'Amérique ou l'Asie. Les start-up retenues peuvent aussi s'appuyer sur le réseau des anciens, le millier d'"alumni" passés par l'un des sept accélérateurs de Microsoft dans le monde, réunis sur un réseau social privé.

Deux fois par an, plus de 250 start-up postulent pour rejoindre Microsoft Ventures à Paris. Seules une dizaine sont retenues dans chaque promotion. "250, c'est bien mais il faudrait qualifier encore plus ce "deal flow". Pour septembre 2015, nous avons retenu que 8 candidats, dont quatre de province, alors qu'il y avait la place pour dix. Cela ne veut pas dire que les autres n'avaient pas de potentiel, mais plutôt qu'on ne savait pas comment les accompagner." Les critères sont plutôt stricts : Microsoft privilégie le BtoB, avec des start-up qui ont déjà développé un premier produit et levé un peu d'argent, hors fonds d'investissements. "Notre expérience nous a montré que notre proposition de valeur fonctionne pour des entreprises déjà un peu matures dans leur développement. Si elles arrivent avec un produit qui n'est pas totalement finalisé, elles vont être en décalage par rapport au programme." Au-delà du produit, c'est surtout l'équipe qui doit convaincre le jury : "sur nos cinq critères de sélection, deux concernent directement l'équipe. Un projet peut pivoter, les gens, beaucoup moins."

Pour le géant des logiciels, l'accélérateur est avant tout un moyen de faire la promotion de ses produits - tout en montrant son implication dans l'écosystème local : Microsoft Ventures est intégré à la division DX (Developpers Experience), dirigée par Nicolas Gaume. "Nous ne demandons pas de capital ou de loyer aux start-up : notre seule demande, c'est qu'elles s'impliquent." Les produits Microsoft sont mis à disposition, sans obligation, "et on offre 500 000$ de cloud pendant trois ans, ce qui est vraiment énorme." Quant à investir directement dans les sart-up, ce n'est pas l'objectif : Microsoft préfère acquérir des entreprises plus matures (une dizaine par an en Europe, dont Wunderlist et Sunrise), pour les intégrer à ses produits.

En plus des ateliers pour accompagner les start-up dans leur développement, l'accélérateur organise aussi des Démo Days et des matinées de mise en relation avec des fonds ou des "corporate" (des grands groupes, potentiels clients ou investisseurs), avec comme objectif la levée de fonds. "Si la start-up ne cherche pas à lever des fonds c'est qu'il y a une erreur de casting de notre part : le programme est fait pour constituer les futures licornes." Pour l'heure, l'accélérateur n'a pas encore de success story : les levées restent limitées à 500 000€, là où son homologue israëlien affiche des levées autour de 2 millions de dollars. "Nous y viendrons : il faut 8-10 ans en moyenne avant de voir émerger des succès."

Benoit Zante

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