Qui ?
Dieter Zetsche, PDG de Daimler, qui regroupe notamment les marques Mercedes Benz, Smart ou Maybach.
Quoi ?
Un keynote au CES, analysé par notre envoyé spécial Georges-Edouard Dias, co-fondateur de Quantstreams.
Comment ?
Dans son keynote au Chelsea Theater, Dieter Zetsche explique qu'"il faut retrouver l’instinct des chevaux (qui connaissent la direction de l’écurie) dans l’intelligence artificielle de l’ordinateur : au moins, lorsque le conducteur, pardon le cocher, sera en état d’ébriété, les passagers arriveront à bon port, guidés par l’intelligence du calculateur et ne risqueront pas de se faire confisquer la voiture ou retirer le permis."
La nouvelle chariotte de Mercedes, le concept-car F015, redéfinit la catégorie, véritable "maison sur roue", loin des contraintes bruyantes de la circulation. En soi, la F015 résume les tendances du CES 2015 qui s'est tenu en janvier à Las Vegas. Un salon mobile qui rassemble en son sein ce qui se fait de mieux dans le domaine de l’Internet des Objets. Lorsque ses capteurs détectent le passant sur le trottoir, ses phares projettent sur le sol un passage piéton virtuel pour qu’il se sente en confiance pour traverser. Chaque passager est reconnu, et retrouve immédiatement sur les écrans qui couvrent les portières son espace de travail ou ses média favoris. Les calculateurs optimisent en temps réel le temps de trajet, tandis qu’un concierge intégré organise les prochains rendez-vous, prend des billets d’avion ou des places de spectacle. Vous pouvez prendre votre tension, vérifier votre poids, faire vos analyses de sang et communiquer vos résultats à votre médecin. Et surtout, vous pouvez parler, travailler, manger, échanger en toute tranquillité et confidentialité avec vos invités autour de la table centrale escamotable.
Dieter Zetsche, n’y voit pas de révolution : la première automobile Mercedes, en 1893, comme ses contemporaines de chez De Dion Bouton avait déjà des sièges qui se faisaient face autour d’un volant et d’une transmission centrale. Mercedes travaille depuis plus de 30 ans à la voiture autonome grâce à son laboratoire de San Francisco. Certaines des innovations de la F015, qu’il s’agisse de l’assistance au parcage, du freinage de sécurité en cas de risque de collision, ou de la capacité d’auto-pilotage sur autoroute en cas de trafic en accordéon (Stop & Go), sont déjà commercialisées sur des Mercedes de série. Aujourd'hui un tel projet est "commercialement viable". Dieter Zetsche redéfinit la mission de Mercedes : "Luxury in Motion" - une manière de placer l’ambition de la marque au delà de l’automobile, sur le terrain de la mobilité.
Car le message le plus important est là, Mercedes n’est plus un constructeur automobile, il devient un fournisseur de mobilité. A aucun moment dans le keynote le CEO de Mercedes n’a d’ailleurs évoqué ce qui définissait jusqu'alors la catégorie : la motorisation, l’efficacité énergétique, les performances routières ou le système de navigation ; il a laissé cela à ses collègues de BMW, de Volkswagen ou d’Audi, tous venus aussi cette année au CES, tout comme Ford ou Toyota. Pourquoi d’ailleurs aurait-il mentionné la propulsion électrique, qui déjà en 1899, avait déjà permis à « La Jamais Contente » du constructeur Belge Camille Janatzy d'être la première voiture à atteindre les 100km/h ?
L’automobile telle que nous l’avons toujours connue est morte, vive la chariotte : Après Elon Musk, l’iconoclaste patron de Tesla, qui vient de s’allier à Panasonic pour créer une "Gigafactory" destinée à produire à bas coût des millions de batteries, Mercedes est le premier dinosaure industriel à rentrer de plein pied dans l’économie des GAFAs.
Georges-Edouard Dias