Qui ?
Marie-Laure Sauty de Chalon, Pdg AuFeminin.
Quoi ?
Une interview pavé dans la mare, sur la façon dont Google traite les éditeurs.A ajouter au dossier "position dominante de Google".
Comment ?
"Google a fermé la porte sur les parcours des utilisateurs (les 800 000 keywords qui sont cherchés sur nos plateformes), ça a commencé en octobre 2012. Une petite partie des keywords n'étaient alors pas accessibles. Mais maintenant, c'est 90%. On revient à l'époque des médias qui ne regardaient pas les parcours de leurs lecteurs."
Ainsi, Google ne fournit plus les requêtes aux éditeurs. Sauf si on achète des Adwords. "Alors là, on retrouve toute l'info. Quand tout le monde parle de big data et d'engagement, comment faire, dans ces conditions, pour que le contenu soit voulu par les utilisateurs ? Google nous rend aveugles". Que dit Google ? "Ils répondent privacy, Prism, mais ce n'est pas vrai. Ils avaient entamé cette politique avant ces scandales". Le dialogue avec Google n'est pas facile. "C'est une société mondiale, ils s'abritent derrière l'algorithme." Et le problème devient encore plus grave, puisqu'en novembre 2013, Bing et Yahoo ont annoncé qu'ils feraient pareil. "Ces plateformes utilisent des données qui nous appartiennent. Et ne veulent plus les partager."
Après ce pavé dans la mare, passons au bilan : AuFéminin a 15 ans, "on aime faire les choses différemment, chaque année, nous nous mettons en danger avec de nouveaux projets. Et nous pouvons le faire, puisque la société dégageait déjà dans les premiers temps 30% de marge, ce qui est énorme, dans l'univers des médias." Ce dynamisme multi-plateformes et multi-projets est aussi du à la chute de la valeur du display : "Nous perdons 30% de display chaque année, on regarde donc toujours de nouveaux business model. Aujourd'hui, le brand content est majeur."
Lancé en juin dernier, AuFéminin US a déjà 1 million de visiteurs et le groupe tire 53 % de ses revenus de l'international. Le rachat de My Little Paris (lire notre article) s'est fait parce que le groupe ne trouvait pas de sociétés à racheter aux USA : "les sociétés dans notre secteur sont trop gâtées par le private equity. Elles ne font pas de profit et ont des prétentions financières hallucinantes. My Little Paris était dans une démarche opposée".