Qui ?
Carole Zibi, Head of Strategic Marketing and Development chez Linkedin EMEA, Rémi Carlioz, Head of Digital monde de Puma, Delphine Remy-Boutang, ex-Worldwide Social Media Marketing Director d’IBM, fondatrice de The Social Bureau, Thomas Owadenko, fondateur de VideoAgency, Axelle Tessandier, directrice marketing de Scoop.it et consultante pour My Little Paris et Cécilia Durieu, directrice associée de eWorky.
Quoi ?
Le bilan de l'édition 2012 de SXSW, vu par les Français qui avaient fait le déplacement à Austin, devenue la Mecque des geeks pour quelques jours.
Comment ?
Quelques Français avaient fait le déplacement jusqu'à Austin pour prendre le pouls des tendances digitales, dans cet évènement qui reste avant tout américain : seuls 10% des participants étaient internationaux en 2011. Habitué de l’évènement ou nouveaux venu, chacun semble impressionné, voire dépassé, par l'ampleur du festival. (Pour avoir une idée de l'ambiance, lire aussi notre article "SXSW, entre pluie, tacos et combats de robots")
"C'est à la fois formidable et un peu too much" raconte Rémi Carlioz. « Formidable de pouvoir sortir de mon bureau, parler avec mes pairs, décoder les nouvelles tendances. Mais too much, car on passe 5 jours à cavaler, trouver un chargeur d'iPhone, faire la queue, trouver une table au resto, et ce sentiment qu'on ne peut pas tout faire et que l'on risque de rater "la" conférence ou "la" soirée." Cécilia Durieu, venue lancer sa start-up eWorky (une solution de bureaux nomades) aux Etats-Unis : « le SxSW est un lieu idéal pour communiquer sur sa startup, mais il y a tellement de concurrence dans la communication, des personnes déguisées en sumo, en ours, etc.,que c’est difficile d’être audible.»
Le défi : trouver sa place dans ce bouillonnement
Axelle Tessandier, qui en est à son second SXSW explique : « tu ne passes pas de 6000 participants en 2007 a 30 000 en 2012 sans que l'ambiance ne se transforme. Mais entre 2011 et 2012, je dirais juste que la tendance s'est accentuée. Oui, il y a plus de monde, plus de bruit, plus d'opérations pour faire le buzz, plus de grosses boites, plus de panels qui n'ont rien à faire là. Il faut transformer le chaos en intensité. Essayer d'être soi-même et de trouver sa niche/son festival dans un festival qui veut faire croire qu'il faut faire ceci ou cela, aller à tel soirée ou tel panel pour ne rien rater.»
Au milieu de ce maelstrom, des têtes d'affiche sortent du lot. Tim O'Reilly, Biz Stone, Baratunde Thurston (de The Onion, auteur de "How to be Black"), Al Gore et Sean Parker, Ray Kurzweil (sur l’expansion de l'intelligence humaine) sont les plus cités. "Plutôt que de repartir dans son carnet avec 56 business cards et le nom des start-up dont tout le monde parle le plus, les gens viennent chercher de l'inspiration, de l'émotion, des rencontres humaines » résume Axelle Tessandier.
« Le badge Interactive n’est pas très utile dans l’absolu, à l’exception justement de l'accès à SxSocial, [le réseau social de l’évènement] » explique Cécilia Durieu « je n’ai assisté qu’à une conférence qui concernait mon sujet, en revanche j’ai rencontré des dizaines de personnes passionnantes, des blogueurs et investisseurs américains qui m’ont notamment expliqué qu’on peut lever plus rapidement des fonds et des montants 5 à 10 fois supérieurs à projet équivalent (!) aux Etats-Unis qu’en Europe-si on y déménagerson siège social.»
Les grands sujets de 2012
Parce qu'il fallait faire des choix, Petit Web a ainsi retenu la social TV, le futur de l'automobile, la question des Big Data et de la vie privée, ainsi que l'alliance inédite de Lady Gaga et Nike autour d'un hackathon. Pourtant, difficile de passer à coté des grands sujets de cette édition :
- Les réseaux sociaux "ambiants". Thomas Owadenko : « on entre dans l'ère de la rencontre via le mobile (perso, pro, centres d'intérêts...) » Ils s'appellent Glancee, Ban.jo, Sonar... Mais l'application qui a capté le plus l'attention, et vidé de nombreuses batteries d'iPhone : Highlight. « Cette application vous permet de savoir si un de vos amis, un ami de vos amis ou encore une personne qui partage les mêmes intérêts que vous se trouve à proximité de l’endroit où vous êtes » explique Delphine Rémy Boutang. Carole Zibi préfère retenir Intro, de la géolocalisation basée sur Linkedin. « Il est intéressant de regarder comment les twister un peu pour que cela devienne intéressant pour une marque comme Puma » explique Rémi Carlioz. Delphine Rémy Boutang retient aussi Local Mind, « elle demande aux personnes déjà présentes sur un lieu leur avis et l’ambiance qui y règne. J'ai téléchargé et c'est absolument incroyable. L'intelligence collective at its best ! »
- La curation : "Le Panel Brand as Publishers était blindé, de même que « The curators and the curated » . Pour Rémi Carlioz : « la curation, en particulier pour les marques, était l'un des mots clés. Il s'agit, selon Tim O'Reilly, de « create more value than you capture ». La raison de cet engouement ? « L'attention vaut cher sur le web, je la donne a ceux qui m'aident à le naviguer, me fournissent des infos, résonnent ou font appel à mes émotions" justifie Axelle Tessandier. Parmi les figures de proue de cette thématique : Steve Rosenbaum, auteur de "Curation Nation", Maria Popova, curator star du web avec Brain Picking, Flipboard (et son canapé rouge, équivalent du tapis rouge de Cannes), Percolate (outil de curation pour les marques) ou encore Pinterest qui rend la curation accessible à tous. « Le thème de la curation s'applique même à cette conférence dont l'intérêt est facteur d'une curation précise des conférences et panels » ajoute Carole Zibi.
- Le focus sur le design et l'user experience. « Le web arrive à maturité et notre connaissance de celui-ci également. On s'y sent bien, on peut enfin s'y exprimer comme on le souhaite car on maîtrise l'outil » explique Axelle Tessandier. Parmi les pionniers dans ce domaine très présents à SXSW : Pinterest, Path, Flipboard ou AirBnB.
- Le paiement mobile. « J'ai bien aimé l'approche de Tabbedout pour développer le paiement sur mobile en étant très focus sur la population la plus à même de l'utiliser [les jeunes urbains]. Beaucoup de gens l'utilisaient » raconte Thomas Owadenko. Sur le même marché, Isis, présenté en avant première à SXSW : « Isis n’est pas encore commercialisé et sa sortie sur le marché américain est prévue cet été. Ce service permet de transformer un smartphone équipé de la technologie NFC en un portefeuille virtuel contenant des cartes de crédit et de fidélité » explique Delphine Remy-Boutang.
- La technologie pour améliorer le quotidien. « Je ne sais pas si c'est l'effet post Occupy Wall Street, mais on a l'impression que le web, la tech peuvent de grandes choses à titre collectif et à titre perso, pour nous rendre meilleur ou améliorer ses relations sociales, sa qualite de vie... » résume Axelle Tessandier. Avec son très remarqué FuelBand, Nike veut changer le quotidien des sportifs. Dans le même esprit, AirBnB, Zaarly ou Vayable représentent la tendance de la "collective consumption" qui rapproche les gens en changeant les modes de consommation.
A en croire le volume des tweets et les premiers chiffres (jusqu'à 30 000 participants à SXSW interactive), 2012 a été une année record pour SXSW. Reste à savoir si le festival arrivera à conserver son âme et son esprit à mesure qu'il devient de plus en plus populaire...
En voir plus :
La couverture du SXSW par Delphine Rémy-Boutang sur le blog Orange.
Les interviews vidéos d'Axelle Tessandier.